Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
son père qui allait guerroyer contre le roi de Tsi : ce voyage à
travers le monde, devait, d'après les calculs du roi, inspirer à sa
fille d'autres goûts et d'autres sympathies que l'amour de la
solitude et de la virginité. Kaô-iang se trompa. A la vue des
montagnes de Taî-ngan, la Fleur d'Occident déclara qu'elle n'irait
pas plus loin : la hauteur des rochers, la solitude et le silence
dont ils étaient entourés, avaient séduit et ravi l'âme de la jeune
princesse ; c'est là qu'elle voulait désormais vivre et se
consacrer, loin du bruit de la terre, à la prière et à la
contemplation. Quand elle fit part de sa résolution au roi, celui-ci,
malgré la piété qui le distinguait, entra dans une grande colère,
jurant qu'il ne permettrait jamais à une princesse de son sang de
se vouer à un genre de vie si sauvage et si méprisé, bon tout au
plus pour des ermites de basse extraction. Mais, dit la légende,
Kaô-iang comptait sans les dieux... Une lumière éclatante qui p.057
environna Si-Hoâ au moment où, désolée du refus de son père,
elle éclatait en sanglots, fit une telle impression sur le roi, qu'il se
rendit à ses désirs.
— Le ciel, lui dit-il en l'embrassant tendrement, le ciel
s'est prononcé contre le roi... Je n'ai plus rien à dire.
Parmi les valets du prince se trouvait un homme appelé Wang-
Kouei, âgé de quarante ans environ, d'une noble famille, mais
surtout d'une vertu et d'une sagesse éprouvées. Kaô-iang le fit
appeler.
— Si-Hoâ, lui dit-il, veut garder la virginité ; elle a résolu
de passer sa vie loin du monde, dans le silence de ces
montagnes ; sois son gardien et son protecteur.
Quelques jours après, l'armée royale quittait le pays de Taî-ngan
et se dirigeait vers le littoral, quand, durant la nuit, à deux cents
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