Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
si les moissons de l'automne ont comblé les vœux des
laboureurs ; c'est une sorte d'inspection qui ne se termine
jamais, p.055 disent les païens les moins enthousiastes, sans une
bénédiction destinée à assurer les récoltes de l'année suivante.
Aussi, tous, riches et pauvres, s'empressent-ils d'aller offrir leurs
hommages et leurs souhaits de bienvenue à ces divins visiteurs.
Et malheur à l'incrédule qui oserait révoquer en doute la présence
de ces invisibles bienfaiteurs, il serait mal reçu.
La montagne et les deux grands pèlerinages annuels de Taî-
ngan-fou sont en profonde vénération à ceux-là mêmes qui n'ont
ni les moyens ni la dévotion de s'y rendre. Mais ce n'est plus
seulement aux jours de fêtes que les pèlerins font ce pieux
voyage : chaque jour, vous verriez des dizaines, parfois des
centaines de personnes, hâlées par le soleil, exténuées de
fatigue, gravir péniblement la montagne sacrée : elles viennent
du Chan-si, du Tché-Ly ou du Ho-nan, exposer leurs maux, leurs
besoins et leurs vœux à une Vierge que les dieux « ont placée sur
la cime de cette montagne, pour servir d'intermédiaire entre le
ciel et la terre. »
Parmi les quatorze ou quinze légendes qui parlent de la Vierge
de Taî-chan, je choisis la plus accréditée, celle surtout qui sourit
davantage aux lettrés du pays. Vous ne la lirez pas sans émotion.
La jeune princesse Si-Hoâ, fleur occidentale, princesse d'une
incomparable vertu, avait, p.056 dès sa plus tendre enfance,
déclaré au roi Kaô-iang 1 , son père, qu'elle voulait demeurer
vierge. Ni les promesses, ni les menaces ne purent rien changer à
sa détermination. A l'âge de dix-sept ans, Si-Hoâ accompagna
1 Kaô-iang, prince vertueux et sage, dont la mémoire aujourd'hui encore, est en
vénération parmi les grands de l'Empire du Milieu, régna de 2512 à 2537 avant l'ère
chrétienne.
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