Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
indifférents et aux impies eux-mêmes, ne sauraient donc plus,
aujourd'hui, déployer leurs bannières, sans qu'on les accuse
d'être des manifestations politiques, sans avoir à craindre les
railleries et la haine de l'impiété ? Les grandes villes de l'Empire
du Milieu, elles au contraire, ne se contentent pas de fêter leurs
dieux à huis-clos ; elles se font gloire d'en vénérer et d'en
promener publiquement les images et les statues dans les rues et
sur les places publiques. Point de railleries, point d'insultes à
craindre ! Ceux qui n'ont point la dévotion de prendre part à ces
solennités les regardent en silence et rarement leur refusent
quelque marque extérieure de respect.
p.054
La Chine a quatre principaux sanctuaires qui se
nomment : « Pèlerinages des quatre points cardinaux 1 . » Au
Sud, c'est la montagne Han-chan, dans, la province du Hou-
Kouang ; au Nord, le mont Hen-chan, dans le Chan-si ; à l'Ouest,
la montagne Hoû-chan, dans le Schen-Si ; à l'Est, la montagne de
Taî-ngan-chan, à deux kilomètres de la ville de Taî-ngan-fou,
dans la province du Chan-tong.
Les trois premières de ces montagnes, si célèbres pourtant,
aussi bien que le caractère des processions et des pèlerinages qui
s'y accomplissent, me sont trop peu connus pour que je puisse en
parler pertinemment. On a dit aux Chinois que ces montagnes
étaient chères aux dieux ; ils l'ont cru. Chaque année, au vingt-
huitième jour de la quatrième lune et au vingt-septième de la
dixième, les divinités de tout grade et de tout rang, descendent
de l'Olympe et visitent ces quatre points élevés, afin de pouvoir
contempler les villages et les campagnes qui les environnent,
s'assurer par elles-mêmes si la récolte du froment est abondante,
1 Le mont Song-chan, dans le Ho-nan, est le but d'un pèlerinage annuel qui ne manque
pas de célébrité ; mais les habitants du pays seuls le fréquentent.
55