Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
mendiants, dans l'écurie où couchaient les valets chargés du soin
des animaux domestiques. C'était tout ce qu'ils ambitionnaient ;
l'issue de leur visite prouvera, d'ailleurs, que cet accueil, tout en
laissant quelque chose à désirer, au point de vue de l'urbanité
traditionnelle du pays, n'en avait que mieux servi leur pieux
dessein. En effet, les domestiques avaient à peine appris le nom
de leur patrie et de la religion qu'ils professaient, que pressés par
je ne sais quel sentiment de confiance ils se mirent à raconter
aux deux visiteurs les malheurs de leurs maîtres.
— Un homme étrange, leur dirent-ils, se faisant passer
p.039
pour un envoyé du ciel est venu annoncer que, le 4e
jour de la quatrième lune, le feu du ciel consumerait
notre maison avec tous ceux qui l'habitent. Jugez de
notre frayeur ! Le chef de famille a fait des promesses,
adressé des prières. Tout a été inutile. Il ne faut rien
moins, pour apaiser le ciel, que la vente de tous les
biens au profit des pauvres, et une confession publique
faite sur la place du village et de tous les hameaux qui
en dépendent. La confession a été scrupuleusement
faite, demandez plutôt à Tchang-Taî-Ping, un de vos
coreligionnaires du voisinage. — La moitié des terres ont
été vendues, et cependant les menaces continuent ; la
foudre n'en fera pas moins son œuvre de destruction.
Pourquoi le ciel frappe-t-il ainsi la famille la plus
honnête, la plus bienfaisante et la plus vertueuse du
pays, tandis que les crimes de tant de marchands de
mauvaise foi, de tant de riches inhumains et livrés à
tous les vices demeurent impunis ?
La réponse des chrétiens, vous le comprenez, ne se fit pas
attendre. Ils parlèrent avec tant d'assurance et de raison que
43