Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
Nénuphariens de Ning-King avaient choisi pour cette solennité le
cinquième jour de la deuxième lune. La maison était spacieuse,
les jeûneurs nombreux, on se promettait de lutter contre la faim
jusqu'à la mort, afin de conserver ou de gagner le titre envié et
lucratif de décurion, de zélateur, peut-être même de grand chef
de section.
Malheureusement pour les docteurs sortants, il se trouva dans
l'assemblée un jeune homme intelligent, peu dévot à la Vieille
Mère sans origine, et fort défiant. Le soir du premier jour, ayant
observé qu'un des chefs s'absentait plus souvent et plus
longtemps que ses subordonnés, sa curiosité fut piquée ; il le
suivit à pas de loup, et quel ne fut pas son étonnement de le
trouver dans un coin de la cour mangeant à belles dents un
énorme morceau de pain et quelques œufs qu'il avait apportés,
cachés dans un petit sac sous ses habits. Cette trahison
l'indigna ; il courut au cénacle avertir les candides jeûneurs, qui
se séparèrent furieux et criant au scandale. Les femmes, dont la
dévotion n'avait pas, comme celle des hommes, l'ambition et la
cupidité pour mobile et p.038 qui jeûnaient consciencieusement,
donnèrent, elles aussi, elles surtout, libre cours à leur colère... Ce
jeûne trop tôt interrompu ne rapporta à personne les titres de
forts, de frères émérites ou de docteurs ; mais il valut au plus
grand nombre le bonheur de connaître et d'embrasser l'Évangile.
La campagne des deux catéchistes auxquels le Nord était échu
en partage fut moins brillante, mais non moins curieuse. Ayant
appris qu'un charlatan de Kiâo-Ho exploitait la crédulité et la
bourse d'une famille aisée de Tong-Kouang, ils allèrent se
présenter au chef de la maison. Leur tenue négligée et rustique,
leurs habits grossiers ou usés n'étaient pas de nature à leur faire
ouvrir la porte de la famille Léou. On les reçut comme des
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