Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

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Associations de la Chine Aujourd'hui cette terre, si longtemps inféconde, est devenue le jardin de la Mission. — C'est là, nous a répété souvent le Prélat, que je cueille les plus beaux fruits et les plus jolies fleurs. Sa Grandeur aurait pu ajouter que la semence qui vient d'être jetée et qui germe, à quinze lieues de Ou-Kiâo, dans le pays de Tong-Kouang et de Ning-King, deux sous-préfectures qui comptent une population de six cent mille habitants, tous païens ou Nénuphariens, est sortie des jardins de Ou-Kiâo. Voici comment. Au mois de Mars 1872, un jeune néophyte de Tong- Kouang venait me trouver au village de Pang-Kia-Kiâo p.035 où je préparais au baptême une trentaine de catéchumènes. — Père, me dit-il, sans autre préambule que le salut consacré par l'usage, venez au plus vite à Tong-Kouang et à Ning-King, l'heure de la grâce a sonné pour trois ou quatre villages de Mi-Mi-Kiâo ; ils viennent d'avoir avec leurs chefs des mécomptes qui les dégoûtent de leur ancienne doctrine. A cette nouvelle, Pang-Kia-Kiâo tout entier, animé du zèle des âmes, se réunit dans la cour de la petite cabane où je logeais ; on tient conseil pour savoir quels sont les plus savants, les meilleurs chrétiens et aussi les plus habiles parleurs du village. Quelques instants après, quatre chefs de famille se présentaient chez moi, m'annonçant qu'ils allaient partir, deux pour le Nord et deux pour l'Est, et se mettre à la recherche des dissidents du Nénuphar. Ma lettre est déjà bien longue ; aussi, pour abréger, ne vous parlerai-je, aujourd'hui, que du résultat de cette curieuse mission. Ces apôtres qui l'acceptèrent avec tant de zèle et de confiance n'avaient ni la science qui sait convaincre, ni la parole qui séduit et entraîne ; c'étaient tout simplement quatre pauvres 40

Associations de la Chine laboureurs, connaissant à peine quelques caractères du Tâ-chiâo, le livre le plus élémentaire de nos écoles de la Chine, sachant tout juste leur catéchisme et leurs prières du matin et du soir. Mais, comme disaient leurs amis, ceux p.036 qui les avaient élus, ils avaient une foi ardente, un dévoûment et un zèle à toute épreuve. Dieu, en cette circonstance, comme en tant d'autres, voulut nous montrer qu'il se passe, quand il lui plaît, de la science et de l'éloquence. Nos volontaires apostoliques, après une campagne de quinze ou seize jours, nous revinrent, avec une liste de deux cent cinquante catéchumènes, dont cinquante à Tong- Kouang, et deux cents à Ning-King. Les deux catéchistes auxquels était échue la meilleure part se présentèrent les premiers. C'était juste. Leur récit fut long, mais intéressant et d'une touchante naïveté. Voici l'histoire de leurs convertis : elle mérite d'être connue. Les associés du Nénuphar, dans le district de Ning-King, avaient, depuis quelques années, aboli le suffrage universel. Ils voulaient bien avoir des chefs et leur obéir, mais à la condition qu'ils seraient d'une vertu éprouvée... Tous les trois ans, car l'idée d'un Septennat n'était pas encore venue à l'esprit de ces gens simples et sans éducation politique, les sociétaires de la Vieille Mère sans origine se réunissaient sous la présidence de leurs décurions ou de leurs chefs de section, pour une cérémonie appelée : Le concours des forces spirituelles. Les femmes agenouillées sur l'estrade en terre qui sert de lit aux familles chinoises, les hommes, assis sur une natte, étendue sur le p.037 pavé de la chambre, se condamnaient au silence et jeûnaient ainsi en commun sous la surveillance de leurs docteurs. Ceux qui résisteraient le plus longtemps à la faim, étant d'une vertu plus puissante, devaient être proclamés maîtres en Israël. Les 41

<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

Aujourd'hui cette terre, si longtemps infécon<strong>de</strong>, est <strong>de</strong>venue le<br />

jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mission.<br />

— C'est là, nous a répété souvent le Pré<strong>la</strong>t, que je cueille<br />

les plus beaux fruits et les plus jolies fleurs.<br />

Sa Gran<strong>de</strong>ur aurait pu ajouter que <strong>la</strong> semence qui vient d'être<br />

jetée et qui germe, à quinze lieues <strong>de</strong> Ou-Kiâo, dans le pays <strong>de</strong><br />

Tong-Kouang et <strong>de</strong> Ning-King, <strong>de</strong>ux sous-préfectures qui<br />

comptent une popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> six cent mille habitants, tous païens<br />

ou Nénuphariens, est sortie <strong>de</strong>s jardins <strong>de</strong> Ou-Kiâo. Voici<br />

comment. Au mois <strong>de</strong> Mars 1872, un jeune néophyte <strong>de</strong> Tong-<br />

Kouang venait me trouver au vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> Pang-Kia-Kiâo p.035 où je<br />

préparais au baptême une trentaine <strong>de</strong> catéchumènes.<br />

— Père, me dit-il, sans autre préambule que le salut<br />

consacré par l'usage, venez au plus vite à Tong-Kouang<br />

et à Ning-King, l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> grâce a sonné pour trois ou<br />

quatre vil<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> Mi-Mi-Kiâo ; ils viennent d'avoir avec<br />

leurs chefs <strong>de</strong>s mécomptes qui les dégoûtent <strong>de</strong> leur<br />

<strong>ancienne</strong> doctrine.<br />

A cette nouvelle, Pang-Kia-Kiâo tout entier, animé <strong>du</strong> zèle <strong>de</strong>s<br />

âmes, se réunit dans <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite cabane où je logeais ; on<br />

tient conseil pour savoir quels sont les plus savants, les meilleurs<br />

chrétiens et aussi les plus habiles parleurs <strong>du</strong> vil<strong>la</strong>ge. Quelques<br />

instants après, quatre chefs <strong>de</strong> famille se présentaient chez moi,<br />

m'annonçant qu'ils al<strong>la</strong>ient partir, <strong>de</strong>ux pour le Nord et <strong>de</strong>ux pour<br />

l'Est, et se mettre à <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s dissi<strong>de</strong>nts <strong>du</strong> Nénuphar.<br />

Ma lettre est déjà bien longue ; aussi, pour abréger, ne vous<br />

parlerai-je, aujourd'hui, que <strong>du</strong> résultat <strong>de</strong> cette curieuse<br />

mission. Ces apôtres qui l'acceptèrent avec tant <strong>de</strong> zèle et <strong>de</strong><br />

confiance n'avaient ni <strong>la</strong> science qui sait convaincre, ni <strong>la</strong> parole<br />

qui sé<strong>du</strong>it et entraîne ; c'étaient tout simplement quatre pauvres<br />

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