Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne
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Associations de la Chine — Je sais, dit-il, que vous prêchez la religion du Maître du Ciel : pour moi, jusqu'à ce jour, j'ai eu le malheur, avec mes parents, de suivre celle du Nénuphar. Mon père a dépensé une partie de sa fortune pour acheter des titres et des dignités chimériques ; ma mère est morte de chagrin, il y a quelques semaines ; c'était à moi, le plus jeune de ses enfants, d'aller chez le Voyant... Je l'ai fait sans confiance... Mais enfin j'y suis allé demander des nouvelles d'une âme qui nous est si chère à tous. Le Ming-jen s'est mis en dévotion, il a fait la cérémonie du p.027 Yün-ki ; mais en vain. Il s'est relevé sans avoir aucun renseignement à me donner. Je vois bien, m'a-t-il dit, une foule d'âmes, mais impossible de distinguer celle de votre mère ; puis prenant un air grave : Jeune homme, a-t-il ajouté lentement et d'une voix magistrale, vous êtes riche. N'auriez-vous point oublié que pour témoigner votre douleur et vos regrets à une mère à laquelle vous avez tant coûté, il faut autre chose que des paroles et des pleurs ? Je lui promets aussitôt dix mille sapèques. Il recommence la cérémonie du Yün-ki... Cette fois il a cru entrevoir la défunte ; mais sans pouvoir se rendre exactement compte des habits qu'elle porte, ni de la place qu'elle occupe parmi les morts. J'ajoute dix mille sapèques. L'illuminé prend alors la chose au sérieux. Les vingt mille sapèques ont produit leur effet. Il est radieux. Il a vu l'âme de ma mère, toute resplendissante de beauté, revêtue d'habits dont la langue humaine ne peut redire l'éclat ; le jardin dans lequel elle se promène est couvert de fleurs aux mille couleurs... 34
Associations de la Chine Tchang-Tchen-Siou, c'est le nom du jeune homme, était déjà à moitié désabusé des duperies du Nénuphar, quand il entra dans l'hôtellerie ; en sortant, il était converti à la foi, et son village compte aujourd'hui une centaine de fervents néophytes, tous anciens disciples de la Vieille Mère sans origine. p.028 La Société du Pei-lien, avant de s'être donné un vernis religieux, n'avait pas toujours réussi, nous l'avons vu, à ébranler les masses lorsqu'il s'était agi de prendre les armes et d'organiser une insurrection. Le peuple, celui des campagnes surtout, est ennemi des troubles politiques ; son travail, ses champs, son village et son foyer, voilà ce qu'il aime. Il n'a pas d'autre ambition, pas d'autres plaisirs. D'ailleurs, dans un pays où les traditions des ancêtres sont en si grande vénération et font loi, quel est le laboureur, l'ouvrier, le propriétaire aisé qui voulussent s'exposer à perdre la paix et l'honnête aisance dont ils jouissent pour courir après des chimères. Leurs ancêtres ont vécu de la vie des champs, ils ont coulé des jours heureux sous le gouvernement monarchique que les associés du Nénuphar veulent renverser. Lui convient-il, à lui, de courir après des succès douteux dont les chefs, en tout cas, seraient seuls à bénéficier, de détruire un gouvernement quarante fois séculaire pour en établir un autre qui n'aurait des places et des honneurs que pour les meneurs et leurs amis, renvoyant aux travaux des champs les dupes qu'ils avaient armés ? Aujourd'hui, le peuple est toujours le même, ami de la paix, ayant en horreur la guerre civile. Toutefois, les croyances qui lui ont été si habilement inculquées, les félicités de l'autre p.029 vie dont on l'a bercé, en lui disant que les plus belles sont réservées aux membres du Nénuphar, l'ont fanatisé : jamais il ne fut plus enthousiaste, plus docile à la voix de ses docteurs. 35
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Tchang-Tchen-Siou, c'est le nom <strong>du</strong> jeune homme, était déjà à<br />
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compte aujourd'hui une centaine <strong>de</strong> fervents néophytes, tous<br />
anciens disciples <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vieille Mère sans origine.<br />
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La Société <strong>du</strong> Pei-lien, avant <strong>de</strong> s'être donné un vernis<br />
religieux, n'avait pas toujours réussi, nous l'avons vu, à ébranler<br />
les masses lorsqu'il s'était agi <strong>de</strong> prendre les armes et d'organiser<br />
une insurrection. Le peuple, celui <strong>de</strong>s campagnes surtout, est<br />
ennemi <strong>de</strong>s troubles politiques ; son travail, ses champs, son<br />
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ambition, pas d'autres p<strong>la</strong>isirs. D'ailleurs, dans un pays où les<br />
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quel est le <strong>la</strong>boureur, l'ouvrier, le propriétaire aisé qui voulussent<br />
s'exposer à perdre <strong>la</strong> paix et l'honnête aisance dont ils jouissent<br />
pour courir après <strong>de</strong>s chimères. Leurs ancêtres ont vécu <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />
<strong>de</strong>s champs, ils ont coulé <strong>de</strong>s jours heureux sous le<br />
gouvernement monarchique que les associés <strong>du</strong> Nénuphar<br />
veulent renverser. Lui convient-il, à lui, <strong>de</strong> courir après <strong>de</strong>s<br />
succès douteux dont les chefs, en tout cas, seraient seuls à<br />
bénéficier, <strong>de</strong> détruire un gouvernement quarante fois sécu<strong>la</strong>ire<br />
pour en établir un autre qui n'aurait <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ces et <strong>de</strong>s honneurs<br />
que pour les meneurs et leurs amis, renvoyant aux travaux <strong>de</strong>s<br />
champs les <strong>du</strong>pes qu'ils avaient armés ?<br />
Aujourd'hui, le peuple est toujours le même, ami <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix,<br />
ayant en horreur <strong>la</strong> guerre civile. Toutefois, les croyances qui lui<br />
ont été si habilement inculquées, les félicités <strong>de</strong> l'autre p.029 vie<br />
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