Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
donnant un air mystique et inspiré, les Ming-jen se gagnèrent
toutes les sympathies. Au bout de six mois, le Nénuphar avait
enrôlé dans les provinces du Chan-tong, du Ho-nan et du Tché-
Ly, plus d'un tiers de la population des champs. Les Illuminés
purent, dès lors, renoncer à leur austérité et à leur
désintéressement ; leur rôle devint plus lucratif ; ils se
constituèrent conducteurs des âmes, ministère qu'ils continuent
d'exercer encore aujourd'hui au grand préjudice de leurs adeptes
vivants.
Un membre de la Société vient-il à mourir, ses enfants n'ont
rien de plus pressé que d'accourir auprès du Ming-jen, pour lui
demander dans quelle catégorie de bienheureux il a conduit le
défunt. Le Ming-jen alors se revêt de la robe d'ordonnance, et
commence, après quelques instants de silence et de
recueillement, la cérémonie appelée Yün-ki (renouvellement
d'air). A genoux sur son lit, ayant les yeux fermés, il fait trois
aspirations bruyantes p.026 et prolongées, afin de purifier son
intérieur, ensuite il élève la main droite à trois reprises
différentes, depuis la poitrine jusqu'au front, la promène
rapidement de gauche à droite et de droite à gauche en
exécutant des tours et des demi-tours qui confondraient nos
magnétiseurs. Ces soupirs et ces manifestations terminés, le
Ming-jen communique avec la Vieille Mère sans origine... Il
aperçoit l'âme du défunt... Le voilà en mesure de renseigner sur
son sort sa famille éplorée.
Il y a quelques années, pendant que je soupais dans une
hôtellerie de la ville de Jen-Kieou, un jeune homme élégant, et
qui paraissait avoir à peine dix-huit ans, entra dans la chambre
où se trouvait mon catéchiste, et lui dit sans préambule, qu'il
venait lui demander la solution d'un problème religieux :
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