Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
(président de la justice), et ainsi de suite, en remontant jusqu'au
Grand-Orient, qui s'appelle Wang (roi).
La Société du Nénuphar a sa maison royale dans chaque
province ; on dirait qu'elle tient à l'ancienne division de la Chine
et regarde p.016 comme non avenue la réunion des petits États et
les conquêtes des empereurs. Je connais le roi du Tché-Ly. Son
palais et son village, situés à peu de distance de la petite ville de
Ming-tsin, eurent ma visite en 1862 et j'y reçus un accueil
bienveillant. Le roi Tchâo est, aujourd'hui, un vieillard de
soixante-huit ans, d'un embonpoint considérable et d'une
intelligence remarquable, surtout quand il s'agit d'étendre ses
domaines. Ses revenus annuels se sont sensiblement accrus
depuis quelques années. Lorsque, il y a quinze ou vingt ans, il fut
constitué Grand-Orient, sa fortune se composait seulement de
quelques journaux de mauvaise terre en friche. Aujourd'hui il
possède au soleil plus de douze cents arpents de terre labourable
qui lui rapportent annuellement de dix à douze mille francs de
rente. Sa fortune immobilière serait immense, assure-t-on ; mais
la prudence lui conseille de ne pas trop donner l'éveil à l'attention
publique, celle surtout de l'autorité civile ; d'ailleurs, il est obligé
de garder en dépôt, dans ses caves, de grosses sommes d'argent
pour le jour où ses sujets devront s'armer et tenter de nouveau
les chances de la révolte.
Si nos journaux français, ceux qui, depuis quelque temps
surtout, défendent si chaudement le suffrage universel, avaient
dans leurs bureaux des écrivains, des reporters p.017 désœuvrés,
ils devraient bien les envoyer en Chine pour y étudier les statuts
de la Société du Nénuphar. Afin de détruire les vieux préjugés du
droit héréditaire qui gouverne si pacifiquement, je dirais même si
bien, depuis trois ou quatre mille ans, l'immense empire de la
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