Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne
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p.307<br />
<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />
Mong-Tchang-Kiün', issu <strong>de</strong> sang royal au pays <strong>de</strong> Tsi,<br />
avait <strong>du</strong> génie et <strong>de</strong> l'habileté. Il eût occupé les postes les plus<br />
enviés <strong>du</strong> royaume, sans <strong>la</strong> jalousie <strong>de</strong> puissants compétiteurs,<br />
qui réussirent, par <strong>la</strong> calomnie, à le noircir dans l'esprit <strong>du</strong><br />
souverain. Désespérant <strong>de</strong> parvenir jamais aux dignités et aux<br />
charges qu'il ambitionnait, il résolut <strong>de</strong> s'en créer d'un autre<br />
genre. Le roi avait dans sa gar<strong>de</strong>-robe, une peau <strong>de</strong> renard, dont<br />
il se revêtait pour les gran<strong>de</strong>s revues <strong>de</strong> ses troupes et pour <strong>la</strong><br />
visite <strong>de</strong> ses États. Pénétrer dans <strong>la</strong> gar<strong>de</strong>-robe, prendre ce<br />
manteau royal, s'en affubler, et parcourir le royaume <strong>de</strong> Tsi, en<br />
Souverain ; ce fut une idée, puis bientôt une résolution arrêtée<br />
dans l'esprit <strong>de</strong> Mong-Tchang-Kiün'. Par une nuit sombre, à<br />
l'heure où <strong>la</strong> cour était plongée dans le plus profond sommeil,<br />
notre héros se mit en <strong>de</strong>voir d'exécuter son projet. Couvert d'une<br />
énorme peau <strong>de</strong> chien, et marchant à <strong>la</strong> façon <strong>de</strong>s quadrupè<strong>de</strong>s,<br />
il traversa, sans encombre, les jardins <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, perça le mur <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> gar<strong>de</strong>-robe, s'empara <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau <strong>de</strong> renard et s'en al<strong>la</strong>, comme<br />
il était venu, sans avoir été aperçu.<br />
Restait une difficulté, celle <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Mong-Tchang-<br />
Kiün' se présente au gardien <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> l'Est, réputé le plus<br />
obligeant et le plus naïf. Mais celui-ci refuse d'ouvrir...<br />
— Fussiez-vous le roi, lui dit p.308 l'incorruptible Cerbère,<br />
vous ne sortirez pas avant le premier chant <strong>du</strong> coq.<br />
— Soit, répondit Mong-Tchang-Kiün', je vais dormir en<br />
attendant ; faites comme moi.<br />
Là <strong>de</strong>ssus, il va se blottir dans une petite pago<strong>de</strong> voisine <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
loge <strong>du</strong> gardien. Dans son enfance, il s'était exercé à imiter le<br />
chant <strong>de</strong>s oiseaux ; celui <strong>du</strong> coq lui était <strong>de</strong>venu familier.<br />
Essayons, se dit-il, quand il crut le portier endormi. Et voilà le coq<br />
qui chante, et qui chante si bien que le dormeur se réveille.<br />
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