Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
coreligionnaires prêts à partager avec eux les dangers et les
chances de la campagne.
L'an dernier, à la fin du mois de Septembre, une dizaine de
piétons dont le plus âgé n'avait pas plus de trente ou trente-cinq
ans, arrivaient, le sac de voyage sur le dos, dans une petite
auberge où la pluie m'avait forcé moi-même de m'arrêter. A voir
les politesses que se firent l'aubergiste et les voyageurs, on
pouvait aisément les prendre pour de vieilles connaissances. Ils
paraissaient pressés de continuer leur route, quelques tasses de
thé furent promptement avalées. Deux ou trois bols de farine cuite
à l'eau, servis à chacun d'eux, ne firent pas long feu. On régla le
compte ; la dépense fut payée et nos voyageurs se remirent en
route, après avoir donné aux clients de l'hôtel de « l'humble
fortune » un salut gracieux, tout ou moins correct. Tout cela s'était
fait en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Leur physionomie, leur mise surtout, n'étaient ni celles de nos
lettrés, ni celles de commerçants fortunés, bien moins encore de
manœuvres ou d'artisans. Bref, ces voyageurs, si ingambes et si
décidés, m'avaient vivement intrigué. J'interrogeai le maître de
l'hôtel :
— Ah ! le grand homme du grand royaume des lois (la
France) ne connaît pas ces voltigeurs, me dit-il tout bas
à l'oreille, après avoir pris la précaution de regarder
autour de lui, pour s'assurer qu'il n'était entendu que de
moi ; ce sont des musulmans de Tsang-Tchéou, qui vont
exploiter les mines d'argent du Ho-nan !... Plus de deux
cents de leurs camarades sont déjà passés : il en reste
autant à venir. Chaque année, à pareille époque, ces
mineurs se rendent ainsi aux montagnes du Ho-nan, et
reviennent à la fin de l'année, les poches pleines de
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