Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

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Associations de la Chine section, a une ressemblance frappante avec celui des adeptes de la Marianne en France. Peut-être même est-il plus explicite. Le candidat admis à la première agrégation jure de croire et de pratiquer au prix de son sang et de sa vie, tout ce qui lui sera enseigné ou commandé après son admission : il se voue d'avance, s'il venait à être parjure, à la mort, à la pourriture... aux malédictions éternelles, des Frères dont il aurait révélé les secrets, désavoué ou méconnu les ordres... Je ne crois pas qu'il y ait au monde une secte religieuse assez fanatique pour exiger de ses prosélytes de pareils vœux et de pareils engagements. p.011 Enrôlement. — En général les lettrés, ceux surtout qui ont un patrimoine et une réputation d'honnête homme, n'inspirent que peu de confiance aux chefs de recrutement. D'ailleurs, comme le but de la société est de renverser l'autorité, les titres honorifiques accordés par l'empereur, soit aux examens littéraires, soit aux concours militaires, doivent lui rendre suspects ceux qui les portent. On ne refuse pas ouvertement leur admission, mais on les méprise et l'on se défie d'eux. Je connais un bachelier, homme de talent, ambitieux et entreprenant, qui après dix ans d'épreuve ou de simple agrégation, n'avait pu encore obtenir dans la société le plus modeste titre, pas même celui de décurion. J'ignore si, en Europe, les sociétés secrètes autorisent l'enrôlement des femmes ; mais, en Chine, ce sont les harpies du Nénuphar qui tiennent le haut du pavé. Ce sont elles aussi qui raniment et encouragent le plus sûrement les pusillanimes. Que la société du Nénuphar vienne jamais à constituer un Comité de salut public, une Commune..., elle est assurée que les pétroleuses ne lui manqueront pas. La Chine, vous le savez, continue, au moins en principe, à ne donner à la femme, même à la mère de famille, qu'un rang d'esclave, ou tout au moins un 22

Associations de la Chine rang très inférieur à celui de l'homme ; c'est une raison, pour les maçons du p.012 Nénuphar, de lui attribuer une considération et de lui donner un rôle qui, en excitant sa vanité et son amour-propre, l'attachent inviolablement à la cause commune. Une femme mariée est-elle agrégée au Nénuphar, elle doit, le jour de son admission, promettre par serment de ne jamais en faire l'aveu à son mari ni à ses parents, à moins qu'elle ne sache de source certaine qu'eux aussi en font partie ; dans ce cas, les époux ne manquent pas de se disputer la préséance et l'autorité dans l'intérieur du ménage comme dans la société dont ils sont membres ; si l'admission de la femme est antérieure à celle du mari, celui-ci, bon gré mal gré, lui cédera ses prérogatives de Tang-Kia, chef de la maison. Cet usage du Nénuphar, si opposé aux mœurs chinoises et si réprouvé par les lois, ne laisse pas de gêner et de faire rougir bon nombre de maris, mais il assure à l'association le dévoûment et le concours des mégères qui en font partie. Les enfants, les jeunes filles surtout, séduits par ces intrigantes, s'enrôlent partout en grand nombre, prêtent le serment exigé et rarement y sont infidèles : s'ils devenaient indiscrets, s'ils révélaient, fût-ce même à leurs parents, les secrets soit de la section qui les a enrôlés, soit du corps tout entier, la surveillance active dont ils sont l'objet de la part des Maçonnes les rappellerait bientôt à l'ordre ; d'ailleurs, en p.013 Chine comme en Europe, les malheureux dupés qui ont prêté serment tremblent de tous leurs membres et tombent en faiblesse quand on les exhorte à abandonner une secte qui les enchaîne honteusement et voue leur mémoire à l'éternelle exécration des honnêtes gens. 23

<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

rang très inférieur à celui <strong>de</strong> l'homme ; c'est une raison, pour les<br />

maçons <strong>du</strong> p.012 Nénuphar, <strong>de</strong> lui attribuer une considération et <strong>de</strong><br />

lui donner un rôle qui, en excitant sa vanité et son amour-propre,<br />

l'attachent invio<strong>la</strong>blement à <strong>la</strong> cause commune. Une femme<br />

mariée est-elle agrégée au Nénuphar, elle doit, le jour <strong>de</strong> son<br />

admission, promettre par serment <strong>de</strong> ne jamais en faire l'aveu à<br />

son mari ni à ses parents, à moins qu'elle ne sache <strong>de</strong> source<br />

certaine qu'eux aussi en font partie ; dans ce cas, les époux ne<br />

manquent pas <strong>de</strong> se disputer <strong>la</strong> préséance et l'autorité dans<br />

l'intérieur <strong>du</strong> ménage comme dans <strong>la</strong> société dont ils sont<br />

membres ; si l'admission <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme est antérieure à celle <strong>du</strong><br />

mari, celui-ci, bon gré mal gré, lui cé<strong>de</strong>ra ses prérogatives <strong>de</strong><br />

Tang-Kia, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison. Cet usage <strong>du</strong> Nénuphar, si opposé<br />

aux mœurs chinoises et si réprouvé par les lois, ne <strong>la</strong>isse pas <strong>de</strong><br />

gêner et <strong>de</strong> faire rougir bon nombre <strong>de</strong> maris, mais il assure à<br />

l'association le dévoûment et le concours <strong>de</strong>s mégères qui en font<br />

partie.<br />

Les enfants, les jeunes filles surtout, sé<strong>du</strong>its par ces<br />

intrigantes, s'enrôlent partout en grand nombre, prêtent le<br />

serment exigé et rarement y sont infidèles : s'ils <strong>de</strong>venaient<br />

indiscrets, s'ils révé<strong>la</strong>ient, fût-ce même à leurs parents, les<br />

secrets soit <strong>de</strong> <strong>la</strong> section qui les a enrôlés, soit <strong>du</strong> corps tout<br />

entier, <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce active dont ils sont l'objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s<br />

Maçonnes les rappellerait bientôt à l'ordre ; d'ailleurs, en p.013<br />

<strong>Chine</strong> comme en Europe, les malheureux <strong>du</strong>pés qui ont prêté<br />

serment tremblent <strong>de</strong> tous leurs membres et tombent en<br />

faiblesse quand on les exhorte à abandonner une secte qui les<br />

enchaîne honteusement et voue leur mémoire à l'éternelle<br />

exécration <strong>de</strong>s honnêtes gens.<br />

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