Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
chandelle pour faire l'inspection de son appartement et y
chercher les traces des revenants. Chose étrange ! les deux
paquets d'habits ne sont plus sur la chaise, la robe n'est plus sur
le lit. Pour comble de malheur, au moment où elle s'approche du
mur de la chambre, un coup de vent éteint sa chandelle ; affolée
de terreur elle ouvre la porte pour s'enfuir avec ses deux élèves,
encore mal éveillées. Mais les voisins étaient debout. Cinq ou six
des plus alertes arrivaient avec leurs falots et leurs lances. Plus
accoutumés que l'institutrice à ces tours de force des revenants,
ils vont droit au mur, se baissent et constatent qu'il y a une
ouverture de cinquante centimètres de largeur. Plus de doute,
Song-sé est victime d'un vol, et tout le monde alors de se
précipiter hors de la maison en criant : Au voleur ! Mais les
voleurs avaient déjà gagné le large, et les cris de mort proférés
contre eux servirent tout p.278 au plus à leur prouver qu'ils avaient
bien fait de filer.
Dans le Sud de notre Mission, à Ou-y et à Han-Chuei surtout, il
y a des sociétés de vauriens qui se donnent le nom de Kan-tâo-
hoei, sociétés du sabre-tranchant. Bien que leur titre seul soit
capable de donner la chair de poule aux timides habitants des
campagnes, ces chevaliers d'industrie, pourtant, n'exercent pas
ordinairement le métier de brigands, ni même celui de voleurs
proprement dits. Ils se trouvent à toutes les foires, à tous les
marchés, à toutes les assemblées, ayant comme tout le monde
une besace sur l'épaule et une pipe à la main. Si, dans une
transaction commerciale, l'acheteur se prend de querelle avec le
vendeur, les Frères du Sabre viennent aussitôt se mêler à la
discussion, ayant toujours soin, bien entendu, de prendre parti
contre celui qui leur paraît le plus favorisé de la fortune.
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