Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

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Associations de la Chine pas verser le sang humain, évitent scrupuleusement une rencontre dangereuse, ou tout au moins inutile pour les uns comme pour les autres ; les Chinois qui se piquent de patriotisme, et sont toujours prêts à revendiquer pour leur pays le monopole de la civilisation, partagent volontiers cet avis. Il y a d'autres bandits isolés, bien montés et bien armés, d'ailleurs, qui, sur les grands chemins, vous surprennent au moment où vous sommeillez dans votre voiture, tirent un coup de pistolet en l'air pour vous réveiller, et vous demandent, poliment d'abord, l'aumône de quelques taëls. Il y a des maraudeurs qui, pendant la nuit, p.275 s'amusent à percer, doucement et sans bruit, les murs du logis où vous dormez, afin de visiter votre mobilier, qui enfoncent les portes de vos étables pour s'assurer que les chevaux et les mulets, les bœufs et les ânes sont bien au râtelier. Ces petits voleurs ne manquent point d'humanité, encore moins d'éducation. Presque toujours ils sont sans armes ; et si vous les recevez à coups de bâton, à coups de poing, ils vous tournent le dos, s'échappent à toutes jambes pour éviter l'effusion du sang, et aller chercher fortune ailleurs. Ils sont conciliants. S'ils réussissent à saisir la clef de votre porte, à s'introduire chez vous pendant que vous ronflez, ne vous effarouchez pas, ne poussez pas les hauts cris à votre réveil. Vous êtes volé, pillé ; c'est possible ; mais ne vous désolez pas. Le plus souvent, en pareil cas, il suffira d'exposer votre affaire au chef de la gendarmerie, et, pourvu que vous ne fassiez aucune plainte officielle, que vous ne commettiez aucune indiscrétion, tout espoir de rentrer dans vos biens n'est pas perdu. Les frais de conciliation, il est vrai, coûteront bien quelque chose. Les démarches des gendarmes, que l'on nomme en chinois : Mâ-Kouaî, cavaliers qui fendent l'air, précisément parce 220

Associations de la Chine qu'ils sont tous à pied, ne sauraient être absolument gratuites. D'un autre côté, les voleurs qui ont passé une nuit sans dormir, peut-être sans souper, ne p.276 tiendront pas trop, vous le pensez bien, à lâcher leur butin, si on ne leur offre un dédommagement raisonnable. Mais, en général, avec une petite dépense qui dépassera rarement plus de la moitié du prix de votre bœuf, de votre âne ou de vos effets, vous avez la consolation de reconquérir ce qui vous avait été enlevé. Au mois de Février dernier, une maîtresse d'école, chargée de l'instruction de vingt-cinq ou trente catéchumènes, s'était endormie paisiblement en compagnie de deux de ses élèves, jeunes filles dont la plus âgée pouvait avoir quatorze ans. Depuis quelque temps on parlait bien, dans la contrée, de maraudeurs qui se glissaient dans les basses-cours, dans les habitations mal fermées ; mais que pouvait craindre notre institutrice ? La porte de sa chambre est solide et bien barricadée ; les murs en sont épais et parfaitement neufs.... C'était plus qu'il n'en fallait pour lui inspirer de la confiance : aussi dormait-elle d'un profond et paisible sommeil, quand, vers minuit, un léger bruit la réveille. Elle a entendu quelque chose.... Elle écoute... Une chaise sur laquelle se trouvent deux Paô-fou, paquets d'habits, toute sa garde-robe, s'agite et se remue. Bientôt, la robe dont elle s'était dépouillée le soir et qu'elle avait mise sur le pied de son lit, semble s'éloigner. Évidemment, ce sont des rats ; un bon coup p.277 de poing sur la couchette les rappellera à l'ordre. Le coup de poing a retenti. Silence parfait Elle écoute de nouveau... pas le moindre bruit. Là-dessus, pleinement rassurée, elle laisse retomber sa tête sur l'oreiller. Tout à coup, la robe s'agite de nouveau sur le lit, la chaise se traîne sur le pavé. La veuve Song- sé, cette fois, s'éveille tout de bon, secoue violemment ses deux petites compagnes, saute du lit, appelle au secours, allume la 221

<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

qu'ils sont tous à pied, ne sauraient être absolument gratuites.<br />

D'un autre côté, les voleurs qui ont passé une nuit sans dormir,<br />

peut-être sans souper, ne p.276 tiendront pas trop, vous le pensez<br />

bien, à lâcher leur butin, si on ne leur offre un dédommagement<br />

raisonnable. Mais, en général, avec une petite dépense qui<br />

dépassera rarement plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>du</strong> prix <strong>de</strong> votre bœuf, <strong>de</strong><br />

votre âne ou <strong>de</strong> vos effets, vous avez <strong>la</strong> conso<strong>la</strong>tion <strong>de</strong><br />

reconquérir ce qui vous avait été enlevé.<br />

Au mois <strong>de</strong> Février <strong>de</strong>rnier, une maîtresse d'école, chargée <strong>de</strong><br />

l'instruction <strong>de</strong> vingt-cinq ou trente catéchumènes, s'était<br />

endormie paisiblement en compagnie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses élèves,<br />

jeunes filles dont <strong>la</strong> plus âgée pouvait avoir quatorze ans. Depuis<br />

quelque temps on par<strong>la</strong>it bien, dans <strong>la</strong> contrée, <strong>de</strong> marau<strong>de</strong>urs<br />

qui se glissaient dans les basses-cours, dans les habitations mal<br />

fermées ; mais que pouvait craindre notre institutrice ? La porte<br />

<strong>de</strong> sa chambre est soli<strong>de</strong> et bien barricadée ; les murs en sont<br />

épais et parfaitement neufs.... C'était plus qu'il n'en fal<strong>la</strong>it pour<br />

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paisible sommeil, quand, vers minuit, un léger bruit <strong>la</strong> réveille.<br />

Elle a enten<strong>du</strong> quelque chose.... Elle écoute... Une chaise sur<br />

<strong>la</strong>quelle se trouvent <strong>de</strong>ux Paô-fou, paquets d'habits, toute sa<br />

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dépouillée le soir et qu'elle avait mise sur le pied <strong>de</strong> son lit,<br />

semble s'éloigner. Évi<strong>de</strong>mment, ce sont <strong>de</strong>s rats ; un bon coup<br />

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poing a retenti. Silence parfait Elle écoute <strong>de</strong> nouveau... pas le<br />

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retomber sa tête sur l'oreiller. Tout à coup, <strong>la</strong> robe s'agite <strong>de</strong><br />

nouveau sur le lit, <strong>la</strong> chaise se traîne sur le pavé. La veuve Song-<br />

sé, cette fois, s'éveille tout <strong>de</strong> bon, secoue violemment ses <strong>de</strong>ux<br />

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