Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
et sans mauvaise humeur, et rentrait au logis où l'attendait sa
femme, toujours prête à l'accabler d'injures.
Mourant de faim, traité inhumainement par les riches, maudit
par sa femme, Fan-Tang prit une résolution : il s'expatria et passa
au Chan-tong où il arriva en même temps qu'une p.271 armée
d'insurgés, venue du Sud. Les populations étaient dans la terreur.
Les troupes du gouvernement n'osaient avancer contre l'ennemi.
La fortune a parfois des caprices, se dit Fan-Tang, essayons.
Couvert de haillons, un bâton à la main et une mauvaise besace
sur le dos, il se dirige vers le camp des rebelles, pénètre jusqu'à la
tente du chef, lui expose la détresse de la province, la stérilité de
son sol, la pauvreté de ses habitants..., et l'engage à repasser le
Hoâng-Ho (le fleuve Jaune) pour aller chercher plus sûrement
fortune dans le beau et riche pays du Ho-nan.
Le lendemain, l'ennemi levait le camp et reprenait le chemin
du Sud. Grandes joies et grandes réjouissances alors parmi les
troupes impériales ! Le général en chef, auquel une victoire si
facile suffisait pour satisfaire son ambition et son amour de la
gloire, félicita Fan-Tang, lui donna des habits et l'admit à sa
table. Quelques mois plus tard, il était nommé sous-préfet du
district de Lei-ou-chien, où son nom, aujourd'hui encore, est en
grande vénération parmi les pauvres.
Fête patronale. — Les frères de la Mendicité ambulante
célèbrent leur fête patronale le premier jour du printemps (Ly-
Tchüen). Pendant que les plus habiles improvisent des fourneaux
au milieu des champs, presque toujours près d'un cimetière,
quelques-uns des p.272 plus alertes courent à la ville ou au bourg
voisin pour y faire une large provision de viande, de pain blanc et
de vin. Les autres vont à la recherche des herbes sèches et des
217