Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
au tribunal pour s'informer auprès du mandarin s'il est permis de
traiter ainsi un malheureux qui n'a commis d'autre crime que
celui de mourir de faim.
En pareil cas, les mandarins, peut-être par un sentiment
d'humanité, peut-être aussi par l'appât d'un gain facile, et, en
apparence, légitime, donnent rarement tort aux plaignants. C'est
toujours le riche particulier qui perd le procès et en fait tous les
frais. Mon voisin le savait ; aussi se hâte-t-il de dépêcher
quelques-uns de ses amis en parlementaires pour ramener la
bande, la calmer et terminer l'affaire à l'amiable.
Dix-huit mille sapèques, quatre boisseaux p.270 de millet, un
panier de radis salés et un sac de pains de froment cuits à la
vapeur : tels furent les dommages et intérêts fixés par les
arbitres et acceptés par le blessé, qui se releva enfin et se remit
gaîment à la tête de ses amis.
Patron des Léou-Ming. — Les malheureux qui font partie de
ces troupes ambulantes sont tout fiers de rendre leurs hommages
et de recourir, dans leurs besoins, à un célèbre mendiant appelé
Fan-Tang, qui vivait sous le règne de l'empereur Wen-Ti, de la
dynastie des Han (160 ans avant J. C.), et qui eut la bonne
fortune de changer les livrées de la misère contre les insignes de
trésorier général, puis bientôt après, de gouverneur d'un petite
province.
Honteux de tendre la main, Fan-Tang ne mendiait que quand
un travail assidu ne suffisait pas à son existence. On le voyait
parfois, pendant des journées entières, assis à la porte des
riches, ne disant mot, ne témoignant pas la moindre impatience,
quand on le laissait à jeun. La nuit venue, il se retirait sans bruit
216