Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
C'est pitié de rencontrer sur les chemins ces troupes de
vieillards qui peuvent à peine se traîner, de femmes, portant un,
deux et, quelquefois, trois enfants sur leurs bras, ou bien dans
une hotte d'osier, dont le poids les accable.
Au début de leurs excursions, ces voyageurs sont timides,
leurs voix suppliantes. Si on les p.267 éconduit ou qu'on les
menace, ils ne répondent aux injures que par leur douleur et
leurs larmes. Rien de plus intéressant et de plus digne de la
sympathie des honnêtes gens, que ces centaines d'êtres affamés,
s'ils savaient toujours garder leur modestie et leur simplicité !
Mais, hélas ! quelques mois de vagabondage suffisent à la plupart
d'entre eux pour les perdre. Soit que les mauvais traitements
dont ils sont l'objet les rebutent et les irritent, soit que l'exemple
de tant de mendiants, dont l'audace et l'insolence savent toujours
se faire ouvrir les bourses, leur devienne contagieux, ou que,
roulant ainsi par le monde, ils fassent, comme dit le proverbe du
pays, passer leur conscience entre les deux épaules, ces
voyageurs, eux aussi, ressemblent bientôt à des loups affamés
qui épouvantent les familles et les villages.
Une curieuse scène dont j'étais témoin, il y a quelques jours,
dans une chrétienté appelée Pan-kia-kiâo, et située à une lieue
de la ville de Ou-kiâo, vient à propos se placer sous ma plume.
J'étais dans une petite cabane obscure et basse, et me
disposais à faire honneur au dîner que venaient de me servir mes
néophytes. Les quatre plats classiques : pousses-d'ail frites,
pissenlits à la vinaigrette, oignons à la croque au sel, viande de
porc à la ciboule, attiraient p.268 mon attention et m'empêchaient
de m'occuper de ce qui se passait au dehors, quand, tout à coup,
un bruit de voix confuses, criardes et menaçantes se fait
entendre. Je me lève, cours à la porte ; et que vois-je ? Une
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