Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne
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<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />
— Regar<strong>de</strong>z, disent-ils, à ces furieux, fouillez-nous, si le<br />
cœur vous en dit, nous ne vous avons rien volé !<br />
Mais j'arrive à <strong>la</strong> catégorie <strong>la</strong> plus intéressante <strong>de</strong>s<br />
mendiants : ce sont <strong>de</strong>s familles chassées <strong>de</strong> leur pays par <strong>la</strong><br />
sécheresse ou par les inondations, et auxquelles on donne le nom<br />
<strong>de</strong> Léou-ming, peuple ambu<strong>la</strong>nt.<br />
Le Nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> eut toujours <strong>la</strong> réputation, bien méritée, je<br />
crois, <strong>de</strong> compter infiniment moins <strong>de</strong> mendiants que <strong>la</strong> plupart<br />
<strong>de</strong>s provinces méridionales. Plus <strong>la</strong>borieux et plus sobres, que<br />
celles <strong>du</strong> Sud, les popu<strong>la</strong>tions <strong>du</strong> Nord savaient se contenter <strong>de</strong><br />
peu. Ne pas mourir <strong>de</strong> faim, voilà tout ce qu'elles <strong>de</strong>mandaient<br />
pour ne pas s'expatrier. Malheureusement, d'effroyables<br />
inondations, <strong>de</strong>s débor<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> rivières ou <strong>de</strong> <strong>la</strong>cs, dont les<br />
autorités elles-mêmes sont encore à chercher <strong>la</strong> cause, p.266 ont<br />
ruiné ce peuple et détruit toutes ses espérances.<br />
Le vagabondage et <strong>la</strong> mendicité répugnent à ces gens simples<br />
et honteux, qui, jusque là, n'avaient ten<strong>du</strong> <strong>la</strong> main à personne.<br />
On a ven<strong>du</strong> jusqu'à <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pièce <strong>du</strong> mobilier ; les maisons qui<br />
avaient échappé au fléau <strong>de</strong>structeur, ont été abattues <strong>de</strong> <strong>la</strong> main<br />
<strong>de</strong> leurs habitants. Les portes, les fenêtres, les bois <strong>de</strong> charpente,<br />
ven<strong>du</strong>s à vil prix, soutiennent encore, pendant quelques jours,<br />
l'existence <strong>de</strong> ces malheureux. Une fois ces ressources épuisées,<br />
on est allé frapper à <strong>la</strong> porte <strong>du</strong> riche, ou <strong>de</strong>s banquiers, pour<br />
faire un emprunt, et tenter les chances <strong>du</strong> commerce... Cette<br />
<strong>de</strong>rnière p<strong>la</strong>nche <strong>de</strong> salut leur a manqué. Les portes se sont<br />
fermées. La lutte était impossible... En désespoir <strong>de</strong> cause, en<br />
présence <strong>de</strong> cette alternative <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, ces<br />
malheureux ont pris une résolution suprême, celle d'émigrer en<br />
masse et d'aller <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à d'autres pays, <strong>la</strong> nourriture qui leur<br />
est refusée chez eux.<br />
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