Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
Il serait trop long de dire, avec quelques détails, comment le
Vice-roi de la province, l'Intendant général, la cour d'appel...
pressurent les cent huit sous-préfets de la province du Tché-Ly,
qui m'est plus particulièrement connue. Je citerai seulement
quelques-unes de leurs industries les plus ordinaires.
Le premier de l'an est un jour où les amis échangent leurs
souhaits et leurs présents. Entre les mandarins subalternes et
leurs p.254 supérieurs, cette cérémonie prend le caractère d'une
révérence pécuniaire qui ne coûte pas moins de six mille francs à
un seul sous-préfet.
Pour donner l'exemple de la piété filiale, les mandarins ont
l'habitude de célébrer avec solennité l'anniversaire de la
naissance de leur père et de leur mère ; qu'ils soient vivants ou
morts, la cérémonie se fait quand même, plus coûteuse pour les
subalternes que les vœux du nouvel an.
L'autorité a besoin de prestige ; pour se le procurer, ceux qui
en sont revêtus prennent, chaque année, la peine de faire
mémoire de leur propre naissance, et cette commémoraison
nécessite, pour les officiers inférieurs, une nouvelle démarche, de
nouveaux compliments et surtout un nouveau versement.
Les officiers s'aperçoivent-ils que leur coffre-fort sonne le vide,
alors, ils font une tournée administrative dans le district ou la
province dont ils ont le gouvernement, pour voir si le peuple y est
en paix, s'assurer que les mandarins chargés de veiller à ses
intérêts font bien leur devoir, et constater aussi qu'ils sont en état
de leur offrir un viatique de deux ou trois cents taëls. Mais
admirez le noble désintéressement de ces potentats ! dans la
conversation ils n'ont garde de toucher la question financière, et
si leur suffragant était assez naïf pour leur offrir directement un
dédommagement en p.255 espèces, il serait tancé d'importance. Le
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