Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
attendait... Il n'y a pas quinze jours, pendant une visite que je
faisais au gouverneur de Ou-Kiâo, deux malheureux arrivent à la
porte du tribunal, poussant des cris sauvages et demandant
justice l'un contre l'autre. Leurs habits étaient en pièces, leur
figure couverte de blessures, de poussière et de sang... pourquoi
s'étaient-ils battus ? Pour une erreur de compte, et une erreur
microscopique. Vous en jugerez. L'un d'eux en faisant la part de
son associé, s'était trompé, à son préjudice, de quinze ou seize
sapèques (une erreur de quatre centimes à peine !). Depuis trois
semaines, ils sont tous les deux aux arrêts, repentants de leur
sottise, mais obligés néanmoins de poursuivre le procès jusqu'au
bout et d'en p.241 supporter les frais, évalués déjà à la modeste
somme de vingt mille sapèques !
A l'intérieur des familles, le père ou la mère trouve que ses
fils, ses brus surtout, ne sont pas assez économes. Ils mettent
trop de bois dans le fourneau, trop d'huile dans la soupe, ont un
appétit qui ruinera la maison... la récolte des champs est mal
surveillée, les céréales déposées dans le grenier ne sont pas
assez souvent mises au soleil ; les sacs ou les mannequins en
osier, qui les contiennent, sont ouverts... les souris et les rats en
ont dévoré la moitié. Le soir, on éteint la veilleuse, une heure
trop tard, les brus, quand il y en a plusieurs, se dévorent... Celle-
ci se plaint que l'autre ne fait pas assez de besogne, qu'elle
mange, en cachette, des friandises destinées à la communauté
tout entière, la cuisine est mal préparée... la marmite mal
écurée... jour et nuit c'est la guerre.
J'ai assisté plusieurs fois, sans être aperçu, à une curieuse
petite cérémonie qui se pratique au sein des familles païennes,
presque à huis-clos. Au risque d'abuser de votre patience, je tiens
à vous la faire connaître.
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