Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne
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Associations de la Chine caprice de l'étiquette qui les a reléguées là ; la table commune n'est interdite ni à la femme ni à la fille : ce sont-elles qui, par un sentiment de déférence peut-être, souvent par je ne sais quel instinct d'indépendance, ont voulu se contenter de cette place, où le grand air, la liberté de causer avec les voisines, et le plaisir de n'avoir pas à subir le radotage d'un vieux beau-père ou d'une vieille belle-mère, leur font trouver des charmes et goûter un bonheur inexprimables. Je vous entends me demander si le trousseau, lui aussi, a bénéficié du progrès que je vous signale dans les mœurs et les habitudes des familles. Ici, je l'avoue, vous m'embarrassez ! J'ai eu beau interroger les connaisseurs les moins suspects de dévoûment aux p.233 anciennes traditions, il ne m'est pas démontré, jusqu'à présent, que la civilisation chinoise, au moins parmi le peuple des campagnes, mérite, sur ce point, des éloges et des encouragements. Ce sont toujours : la cuvette traditionnelle, les chandeliers d'étain, l'huile nauséabonde du pin, et l'unique malle rouge... Mais voici un détail qui vous rassurera sur la situation financière de la mariée. Lorsque la famille paternelle est trop pauvre ou trop avare, pour subvenir aux frais d'entretien d'une fille qui a passé la porte, comme l'on dit en Chine, la jeune femme ne se décourage point pour si peu. Résolue, coûte que coûte, à trouver par elle-même ce que ses parents lui refusent, elle a recours à son beau-père, à sa belle-mère, plus souvent à son mari. Habile, intrigante et d'une soumission qui ne se dément jamais, elle commence par s'assurer leurs sympathies ; bientôt, quand elle se croît assurée d'être écoutée, elle expose le besoin qu'elle a d'habits chauds pour l'hiver, de robes légères pour l'été. Le ton de sa voix est si doux, son air si respectueux, sa persévérance si déterminée, que 188
Associations de la Chine ni la dureté du beau-père, ni l'humeur acariâtre de la belle-mère ne résisteront à ses prières. Ce premier pas fait, ce premier droit acquis, la bru n'est pas entièrement satisfaite. Elle a bien, il est vrai, la petite fortune que lui a fourni l'association dotale de p.234 son village ; mais elle se garde bien d'y toucher. Plus tard, lorsqu'il sera constaté que le beau-père, la belle-mère et le mari se sont mis la tête dans le même bonnet pour ne rien accorder, il sera toujours temps de recourir à ses propres deniers placés chez une tante ou chez une amie fidèle, qui les fait valoir. Si elle tient à laisser grossir son avoir, le réservant pour le temps où plusieurs enfants seront venus aggraver ses charges, alors la jeune mariée s'abouche avec quelques voisines qui, comme elle, ne peuvent rien obtenir de leur famille maritale, pour fournir aux menus plaisirs, aux dépenses de détail. On tient causerie à voix basse, dans l'intimité... et voilà une société toute constituée. Il ne manque plus que des fonds ; on en trouvera. A midi, quand la famille, après le repas, fait sa méridienne et que le plus profond silence règne dans la maison ; le soir, lorsque tout le monde est endormi, le fuseau ou le rouet, le dévidoir ou la navette se mettent en mouvement, le coton se carde, le fil est préparé, la chaîne se monte sur le métier, et voilà, au bout de quelques jours, une pièce de toile faite à temps perdu, sans bruit, sans dommage ni perte de temps pour la famille. Une voisine, charitable et sûre, portera la toile au marché. La vente fournira les premiers fonds d'une société qui, si modeste qu'elle soit p.235 au début, finira pourtant par se créer des capitaux qui suffiront, chaque année, à l'acquisition de quelques aunes de ruban, d'une aigrette, d'un petit oreiller en rotin pour l'époque des grandes chaleurs... Les brus qui seraient moins intelligentes ou moins laborieuses tenteront néanmoins d'arriver, elles aussi, à 189
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caprice <strong>de</strong> l'étiquette qui les a reléguées là ; <strong>la</strong> table commune<br />
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n'avoir pas à subir le radotage d'un vieux beau-père ou d'une<br />
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bénéficié <strong>du</strong> progrès que je vous signale dans les mœurs et les<br />
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eu beau interroger les connaisseurs les moins suspects <strong>de</strong><br />
dévoûment aux p.233 <strong>ancienne</strong>s traditions, il ne m'est pas<br />
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parmi le peuple <strong>de</strong>s campagnes, mérite, sur ce point, <strong>de</strong>s éloges<br />
et <strong>de</strong>s encouragements. Ce sont toujours : <strong>la</strong> cuvette<br />
traditionnelle, les chan<strong>de</strong>liers d'étain, l'huile nauséabon<strong>de</strong> <strong>du</strong> pin,<br />
et l'unique malle rouge... Mais voici un détail qui vous rassurera<br />
sur <strong>la</strong> situation financière <strong>de</strong> <strong>la</strong> mariée.<br />
Lorsque <strong>la</strong> famille paternelle est trop pauvre ou trop avare,<br />
pour subvenir aux frais d'entretien d'une fille qui a passé <strong>la</strong> porte,<br />
comme l'on dit en <strong>Chine</strong>, <strong>la</strong> jeune femme ne se décourage point<br />
pour si peu. Résolue, coûte que coûte, à trouver par elle-même<br />
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d'être écoutée, elle expose le besoin qu'elle a d'habits chauds<br />
pour l'hiver, <strong>de</strong> robes légères pour l'été. Le ton <strong>de</strong> sa voix est si<br />
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