Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
Patron des veilleurs. — La Confrérie du King-Hoei invoque un
petit dieu qui, pendant sa vie, ne compta pas au nombre des
grands hommes. Sur la terre, il se nommait Ché-ming, tout
court ; depuis qu'il a pris rang parmi les divinités de neuvième
classe, on est convenu de l'appeler Ché-ming-Loûo-Han.
Singulier goût que celui des Chinois !
Les gendarmeries officielles des tribunaux ne choisissent pour
brigadiers et souvent n'acceptent comme simples soldats que des
candidats qui aient exercé avec éclat le métier de voleur... C'est,
dit-on, le moyen le plus sûr de tenir les malfaiteurs à distance, et
de les arrêter, s'ils devenaient trop audacieux.
Les veilleurs, eux aussi, se sont choisi pour patron, un
maraudeur converti, qui, pour expier vingt années de
vagabondage et de larcins, se fit garde champêtre sans
appointements, pendant les trente dernières années de sa vie.
Ché-ming vivait sous le règne de l'empereur Ou-Ti, de la
dynastie des Han. Voici comment les écrivains chinois ont raconté
sa conversion.
Un soir, Ché-ming pénétra dans la cour d'un particulier qu'il
savait n'avoir ni enfants, ni domestiques, ni chiens de garde, et s'y
tint caché jusqu'au moment où les veilleurs p.203 frappèrent la
troisième veille. C'était aussi celui où le maître de l'établissement,
après avoir éteint sa veilleuse, venait de s'endormir d'un profond
sommeil et commençait à ronfler à gros bouillons. L'heure était
propice ; Ché-ming ouvre doucement la porte, se glisse sans bruit
dans la maison, cherchant à tâtons quelque objet qui pût le
dédommager de ses fatigues et de son insomnie... Une mauvaise
couverture enroulée autour du dormeur et une petite corbeille en
carton, contenant à peine deux mesures de millet furent tout ce qui
lui tomba sous la main. « Cet homme est pauvre, se dit Ché-ming,
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