Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
instances réitérées de Morphée ? Le tam-tam et les bambous se
chargent eux-mêmes de répondre à votre objection, en donnant
aux particuliers le moyen de constater, sans sortir de leurs
appartements, pas même de leurs couvertures, la fidélité des
veilleurs ; et, en fin de compte, c'est ce contrôle qui fait à peu
près tout le mérite du système.
Dans les villes et dans les centres de p.201 commerce, la
surveillance nocturne est loin d'offrir toutes les garanties de celle
des campagnes. La raison en est toute simple... Les hommes qui
en sont chargés appartiennent presque tous à cette catégorie de
désœuvrés, de joueurs et de flâneurs que l'on rencontre, en
Chine, plus nombreux et plus éhontés que vos voyous, en
Europe, j'allais dire... à Paris. J'ai eu l'occasion, plus d'une fois,
de savoir, de source certaine, que les veilleurs, amis, frères,
souvent même associés de voleurs, consentaient volontiers à
fermer les yeux sur leurs faits et gestes, à la condition d'être
remplacés par eux, ne fût-ce que pour le temps strictement
nécessaire à l'assaut d'une maison bourgeoise.
Vous allez dire que les habitants des villes devraient faire la
ronde eux-mêmes ou en abolir complètement l'usage. Vous seriez
seul de votre avis. Les rentiers et les bourgeois, en Chine, comme
chez vous, sont sensibles au froid d'une nuit d'hiver, à l'humidité
d'une nuit d'automne... Ils aiment mieux passer la soirée auprès
d'un bon poêle, et la nuit dans un lit mollet et bien chaud, que de
s'en aller marquer le pas ou battre la semelle dans les rues. D'un
autre côté, l'expérience a prouvé que les veilleurs, tels qu'ils sont,
ne perdent pas le sentiment des convenances au point de
dévaliser les particuliers qui les paient, comme ils le feraient s'ils
étaient libres de tout p.202 engagement. Entre deux maux, ne
vaut-il pas mieux choisir le moins dommageable ?
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