Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne
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Associations de la Chine cinquante mille hommes, n'ayant d'autre mission que p.194 celle de faire respecter, sans coup férir, le territoire et ses habitants. Vos humanitaires n'auraient pas mieux fait ! A peine arrivés à la frontière, les soldats se mirent à l'œuvre : après quelques jours d'un travail consciencieux, ils avaient élevé sur une distance de cinq mille lys, une haie de branchages desséchés, derrière laquelle ils s'abritaient, la nuit, pour monter la garde, sans provocation, et sans autre bruit que celui d'un bambou sur lequel des sentinelles postées à deux cents pas les unes des autres frappaient à l'aide d'une baguette en ormeau. Le jour on gardait ses positions, mais la stratégie militaire n'allait pas plus loin. La clôture demeurait debout, les veilles se faisaient exactement et les Sien-Peî ne se montraient plus ; soldats et paysans, tous croyaient à une paix durable. Mais, un beau matin, les hordes sauvages tombèrent à l'improviste sur la haie, y mirent le feu et massacrèrent un si grand nombre de soldats, qu'il en resta à peine quelques-uns pour aller annoncer le désastre. A cette nouvelle, grande fut la terreur dans la capitale. L'empereur, seul, ne s'en émut que pour venger la mort de ses braves. Il envoya aussitôt une armée considérable qui chassa les brigands, en tua un grand nombre, et refoula les autres au fond de leurs montagnes. p.195 Ce fut, disent avec orgueil les annalistes chinois, une victoire éclatante qui délivra pour toujours le pays des Sien-Pei... Ce qui n'empêche pas, pourtant, que cette province ne soit, aujourd'hui encore, le pays le moins pacifié de l'Empire du Milieu et le plus redouté des armées impériales. Le Kan-Sou, qui compte près de dix-huit millions de musulmans, les deux tiers de sa population, paraît avoir si bien hérité de 160
Associations de la Chine l'insubordination de ses premiers habitants, qu'il conserve une sorte d'indépendance contre laquelle les efforts et les troupes du gouvernement central demeurent impuissants. Aussi les officiers, civils ou militaires, regardent-ils comme une disgrâce, leur envoi dans le Kan-Sou. J'en ai connu plusieurs qui se mettaient en route, les larmes aux yeux. Quelques-uns, persuadés qu'ils ne reverront jamais leurs foyers, ont soin avant de partir, de faire leur testament, voire même d'acheter et d'emporter avec eux l'indispensable cercueil de sapin. Vous trouverez, sans doute, que je me suis écarté de mon sujet, en vous parlant si longuement du Kan-Sou, des Sien-Pei et de la double expédition dirigée contre ces brigands, aussi ai-je hâte de revenir aux veilles nocturnes. Six cents ans après la soi-disant pacification des Sien-Pei, l'empereur Ou-Wang publiait un p.196 édit ordonnant à tous les mandarins civils d'organiser des veilles régulières à la porte extérieure de leurs tribunaux respectifs, et les ordres du Souverain furent si ponctuellement exécutés, que l'usage de cette garde nocturne est toujours en vigueur. La sollicitude de Ou-Wang ne se borna pas à garantir aux prétoires la paix et la sécurité ; ce prince se préoccupa encore des dangers que couraient, sur les grandes routes, les voyageurs attardés, et chargea son frère, le célèbre Tcheoû-Kong, d'établir partout, sur les grandes voies de communication, des postes de veilleurs assez nombreux et assez bien armés pour intimider les voleurs. Non seulement Tcheoû-Kong exécuta avec intelligence et succès les ordres de son frère, mais son génie sut encore inventer pour le service du gouvernement et pour la sûreté publique, une sorte de système télégraphique, qui a transmis son 161
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cinquante mille hommes, n'ayant d'autre mission que p.194 celle <strong>de</strong><br />
faire respecter, sans coup férir, le territoire et ses habitants. Vos<br />
humanitaires n'auraient pas mieux fait !<br />
A peine arrivés à <strong>la</strong> frontière, les soldats se mirent à l'œuvre :<br />
après quelques jours d'un travail consciencieux, ils avaient élevé<br />
sur une distance <strong>de</strong> cinq mille lys, une haie <strong>de</strong> branchages<br />
<strong>de</strong>sséchés, <strong>de</strong>rrière <strong>la</strong>quelle ils s'abritaient, <strong>la</strong> nuit, pour monter<br />
<strong>la</strong> gar<strong>de</strong>, sans provocation, et sans autre bruit que celui d'un<br />
bambou sur lequel <strong>de</strong>s sentinelles postées à <strong>de</strong>ux cents pas les<br />
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jour on gardait ses positions, mais <strong>la</strong> stratégie militaire n'al<strong>la</strong>it<br />
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La clôture <strong>de</strong>meurait <strong>de</strong>bout, les veilles se faisaient<br />
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paysans, tous croyaient à une paix <strong>du</strong>rable. Mais, un beau matin,<br />
les hor<strong>de</strong>s sauvages tombèrent à l'improviste sur <strong>la</strong> haie, y<br />
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qu'il en resta à peine quelques-uns pour aller annoncer le<br />
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A cette nouvelle, gran<strong>de</strong> fut <strong>la</strong> terreur dans <strong>la</strong> capitale.<br />
L'empereur, seul, ne s'en émut que pour venger <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> ses<br />
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<strong>de</strong> leurs montagnes. p.195 Ce fut, disent avec orgueil les annalistes<br />
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l'Empire <strong>du</strong> Milieu et le plus redouté <strong>de</strong>s armées impériales. Le<br />
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