Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
yé. La résistance était impossible, aussi l'assiégé ne voulut-il pas
en courir les dangers ; porter plainte au tribunal, telle p.188 était
sa dernière ressource. Il saute par-dessus le mur de son jardin et
court à la ville sans que personne ait remarqué son départ.
Le lendemain matin, avant le chant du coq, une troupe de
satellites envahissaient le village et s'en retournaient au prétoire
avec une vingtaine d'hommes chargés de chaînes. Ne vous
récriez pas contre le rigoureux procédé du tribunal : le plaignant
avait été assiégé, menacé, dans sa propre maison, par une
troupe d'émeutiers en armes ; l'autorité, sans rien préjuger de la
vérité ou de la fausseté de la déposition, a le devoir, en Chine, de
traiter les accusés comme s'ils étaient coupables. Ce sont là des
mesures préventives bien dures, parfois, pour les innocents, mais
dont le résultat, généralement, produit une salutaire impression
sur un peuple auquel on reproche d'avoir la tête trop près du
bonnet, quand il se croit opprimé.
Le mandarin qui, dès le début, avait deviné d'instinct
l'innocence du vieillard et de ceux qui s'étaient armés pour sa
défense, voulut donner aux débats une solennité exceptionnelle.
Déjà les prétoriens, les greffiers et les huissiers, tous en grande
tenue et au complet, occupaient les abords et la cour du palais de
justice, lorsque le magistrat vint siéger à son tribunal.
A peine assis, il interroge, tout d'abord, le p.189 vieillard qui
avait refusé de vendre sa maison pour élargir la propriété d'un
voisin estimable et d'une honorabilité incontestée...
— Pourquoi, lui dit-il d'un ton sévère, as-tu persisté à
garder ton immeuble ?
— Parce que ma maison est celle que je tiens de mes
ancêtres et que je veux mourir là où ils sont morts.
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