Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

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Associations de la Chine guerrière, leur a fait établir, presque partout, des milices capables p.173 de défendre leurs biens et leurs foyers. On dit que les mandarins, au lieu de justifier par leur intégrité le nom de Fou-Mou-Kouang (père et mère), que leur donne le peuple, sont des sangsues qui s'engraissent de sa substance. Je pourrais affirmer, sans craindre d'être démenti, qu'un bon nombre de magistrats ne méritent pas ce reproche, mais ce n'est pas ici le lieu de faire leur apologie ; j'aime mieux me contenter de dire que les officiers préposés à l'administration d'une province ou d'un district, fussent-ils d'ailleurs les mieux intentionnés, ont toujours été et seront longtemps encore dépourvus de tout ce qui leur serait nécessaire pour protéger efficacement leurs sujets. Ordinairement, une sous-préfecture ne comprend pas moins de quatre ou cinq cents villages répartis sur un diamètre de dix ou douze lieues et comptant une population de trois ou quatre cent mille âmes. Pour administrer un si vaste district, rendre la justice, maintenir l'ordre et la paix, il n'y a qu'un seul officier, le sous-préfet. Il est juge d'instruction, président des tribunaux de commerce, de police correctionnelle et de première instance. Les affaires criminelles, les assises mêmes, en certaines circonstances, les transactions commerciales, les purges d'hypothèques, la perception des tailles, les contributions indirectes, les droits p.174 d'enregistrement etc., etc., tout, voire même le rôle de greffier, d'avoué et de notaire, est de son ressort et demeure à sa charge. C'est bien plus de besogne qu'il n'en faut pour un seul homme ; aussi serait-il déraisonnable, à mon avis, d'exiger encore de lui, qu'il fasse la chasse aux voleurs, organise et commande en personne les troupes exclusivement à la solde de ses finances personnelles. Ce sont donc les notables qui prennent 144

Associations de la Chine l'initiative de l'organisation des gardes nationales, dont ils se réservent, de droit, le commandement. Après avoir médité et rédigé les statuts qui doivent régler leurs bataillons, ils les portent de village en village, les lisent et les expliquent au public, qui ne manque jamais de les acclamer par un cri de guerre. L'approbation une fois donnée sur toute la ligne, on se met à l'œuvre principale, le recrutement des hommes qui porteront les armes et la quête des sapèques nécessaires aux frais d'équipement et d'entretien. Les familles qui fournissent les bras, sont tout naturellement dispensées de toute contribution pécuniaire ; celles-là seules sont imposées par l'état-major de la milice, qui n'ont pas d'hommes enrôlés sous les drapeaux. Les familles riches, plus intéressées que celles de la classe ouvrière, au maintien de la paix ou à la répression des brigandages, se piquent souvent d'honneur, et achètent à p.175 leurs frais la grosse artillerie, canons et fusils de remparts, poudre et boulets. Pendant la durée de la campagne, si on a à se battre, ces pièces et leurs munitions sont entièrement à la disposition des milices territoriales, mais, en temps de paix, elles doivent être rendues aux particuliers qui les ont fournies. Vous n'êtes pas sans savoir que les soldats de l'Empire du Milieu sont généralement d'une humeur peu martiale. C'est du moins la réputation qu'on leur a faite en Europe. En Chine aussi, on a si bien apprécié leur valeur, que les parents, quand un de leurs enfants a peur, n'ont pas de réprimande plus ignominieuse à lui faire, que celle-ci : « Tu es poltron comme un soldat. » Le courage et la discipline des gardes nationaux ont, au contraire, les éloges de tout le monde. Vous le voyez, sur ce point, comme sur tant d'autres, les Chinois se trouvent encore en flagrante opposition avec les Français. 145

<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

guerrière, leur a fait établir, presque partout, <strong>de</strong>s milices<br />

capables p.173 <strong>de</strong> défendre leurs biens et leurs foyers. On dit que<br />

les mandarins, au lieu <strong>de</strong> justifier par leur intégrité le nom <strong>de</strong><br />

Fou-Mou-Kouang (père et mère), que leur donne le peuple, sont<br />

<strong>de</strong>s sangsues qui s'engraissent <strong>de</strong> sa substance. Je pourrais<br />

affirmer, sans craindre d'être démenti, qu'un bon nombre <strong>de</strong><br />

magistrats ne méritent pas ce reproche, mais ce n'est pas ici le<br />

lieu <strong>de</strong> faire leur apologie ; j'aime mieux me contenter <strong>de</strong> dire<br />

que les officiers préposés à l'administration d'une province ou<br />

d'un district, fussent-ils d'ailleurs les mieux intentionnés, ont<br />

toujours été et seront longtemps encore dépourvus <strong>de</strong> tout ce qui<br />

leur serait nécessaire pour protéger efficacement leurs sujets.<br />

Ordinairement, une sous-préfecture ne comprend pas moins<br />

<strong>de</strong> quatre ou cinq cents vil<strong>la</strong>ges répartis sur un diamètre <strong>de</strong> dix<br />

ou douze lieues et comptant une popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> trois ou quatre<br />

cent mille âmes. Pour administrer un si vaste district, rendre <strong>la</strong><br />

justice, maintenir l'ordre et <strong>la</strong> paix, il n'y a qu'un seul officier, le<br />

sous-préfet. Il est juge d'instruction, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s tribunaux <strong>de</strong><br />

commerce, <strong>de</strong> police correctionnelle et <strong>de</strong> première instance. Les<br />

affaires criminelles, les assises mêmes, en certaines<br />

circonstances, les transactions commerciales, les purges<br />

d'hypothèques, <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>s tailles, les contributions<br />

indirectes, les droits p.174 d'enregistrement etc., etc., tout, voire<br />

même le rôle <strong>de</strong> greffier, d'avoué et <strong>de</strong> notaire, est <strong>de</strong> son ressort<br />

et <strong>de</strong>meure à sa charge.<br />

C'est bien plus <strong>de</strong> besogne qu'il n'en faut pour un seul<br />

homme ; aussi serait-il déraisonnable, à mon avis, d'exiger<br />

encore <strong>de</strong> lui, qu'il fasse <strong>la</strong> chasse aux voleurs, organise et<br />

comman<strong>de</strong> en personne les troupes exclusivement à <strong>la</strong> sol<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

ses finances personnelles. Ce sont donc les notables qui prennent<br />

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