Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

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14.07.2013 Views

Associations de la Chine nécessité de veiller à la sûreté des moissons. Leurs discours terminés, toujours aux applaudissements de la foule, chaque électeur, par rang d'âge, proclame le nom de ceux qu'il croit dignes de composer le conseil de la Société, et quand tout le monde a parlé, le programme officiel des comices est p.168 rempli ; libre à chacun de regagner ses pénates ou de retourner à ses occupations, ou, comme le fait le plus grand nombre, de rester à flâner et à deviser sur les affaires et les nouvelles du jour. Il faut dire, à la louange des Chinois, qu'ils ont toujours le bon sens de ne prendre pour candidats que des hommes dignes de leur confiance. Le grand progrès de la Liberté, de la Fraternité et de l'Égalité, tel que nous l'entendons en Europe, aujourd'hui, ne s'est pas encore imposé à la crédulité d'un peuple aussi arriéré que l'est celui de la Chine ; la jalousie, l'envie haineuse du pauvre contre le riche, surtout si ce dernier n'est pas absolument un homme dur et sans entrailles, n'ont point encore rongé ni même attaqué le cœur simple et confiant de la partie saine de ce peuple si indifférent aux lumières et aux leçons de notre civilisation européenne ; c'est aux riches, aux lettrés, aux notables que le laboureur confie ses affaires et ses intérêts ; il les consulte, les écoute, et suit leurs conseils ; enfin, c'est à eux qu'est décerné, à l'unanimité des suffrages, l'honneur de diriger les associations et de présider les fêtes, à l'exception pourtant de celles qui, en perdant leur esprit primitif, auraient cessé de mériter leur concours et leurs sympathies. Je ne vous parle pas des sessions du conseil p.169 auquel a été confiée l'organisation de la Garde rurale. Voici la traduction fidèle du règlement et des statuts du Tsing-miâo-Hoei établi cette année au faubourg-ouest de la ville où je suis en ce moment ; ce document suffira, je pense, à satisfaire votre curiosité. 140

Associations de la Chine « Les fonds de la société sont recueillis au prorata de la fortune de chaque intéressé et ne pourront jamais dépasser les deux dixièmes de l'impôt foncier qu'il paie au gouvernement. Les veuves et les vieillards sans enfants majeurs sont exempts de toute contribution. « La garde sera faite de nuit seulement, et depuis la deuxième veille jusqu'à la cinquième (de huit heures du soir jusqu'à cinq heures du matin). Il est absolument défendu de se servir d'étrangers pour la surveillance nocturne. Les familles pauvres ou peu aisées auront le droit de faire agréer comme veilleurs excurrents le chef de la maison, s'il ne dépasse pas la cinquantaine, et les enfants, pourvu qu'ils aient atteint l'âge de dix-neuf ans, et jouissent d'une bonne réputation. « Le salaire de chaque veilleur est fixé à deux cents sapèques par jour. Il est sévèrement interdit à ceux qui sont de quart d'avoir avec eux une couverture, une peau de mouton ou toute autre espèce d'habit capable de provoquer le sommeil. « L'usage de la pipe est louable, car, outre p.170 qu'elle occupe agréablement, et dissipe le sommeil, elle a aussi parfois l'avantage d'effrayer les maraudeurs ; quand le fumeur bat le briquet, ceux qui se seraient glissés dans les champs avec le dessein de commettre un vol pourront apercevoir le feu et sauront par là que les gardes ne sont pas endormis. Chaque veilleur aura à la main une houlette ou une petite bêche, portera en bandoulière une gourde remplie de chaux détrempée, ainsi qu'un gros pinceau en poil de porc : la houlette servira à faire, de distance en distance, sur le bord du 141

<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

nécessité <strong>de</strong> veiller à <strong>la</strong> sûreté <strong>de</strong>s moissons. Leurs discours<br />

terminés, toujours aux app<strong>la</strong>udissements <strong>de</strong> <strong>la</strong> foule, chaque<br />

électeur, par rang d'âge, proc<strong>la</strong>me le nom <strong>de</strong> ceux qu'il croit<br />

dignes <strong>de</strong> composer le conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société, et quand tout le<br />

mon<strong>de</strong> a parlé, le programme officiel <strong>de</strong>s comices est p.168 rempli ;<br />

libre à chacun <strong>de</strong> regagner ses pénates ou <strong>de</strong> retourner à ses<br />

occupations, ou, comme le fait le plus grand nombre, <strong>de</strong> rester à<br />

flâner et à <strong>de</strong>viser sur les affaires et les nouvelles <strong>du</strong> jour.<br />

Il faut dire, à <strong>la</strong> louange <strong>de</strong>s Chinois, qu'ils ont toujours le bon<br />

sens <strong>de</strong> ne prendre pour candidats que <strong>de</strong>s hommes dignes <strong>de</strong><br />

leur confiance. Le grand progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> Liberté, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fraternité et<br />

<strong>de</strong> l'Égalité, tel que nous l'entendons en Europe, aujourd'hui, ne<br />

s'est pas encore imposé à <strong>la</strong> cré<strong>du</strong>lité d'un peuple aussi arriéré<br />

que l'est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> ; <strong>la</strong> jalousie, l'envie haineuse <strong>du</strong> pauvre<br />

contre le riche, surtout si ce <strong>de</strong>rnier n'est pas absolument un<br />

homme <strong>du</strong>r et sans entrailles, n'ont point encore rongé ni même<br />

attaqué le cœur simple et confiant <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie saine <strong>de</strong> ce peuple<br />

si indifférent aux lumières et aux leçons <strong>de</strong> notre civilisation<br />

européenne ; c'est aux riches, aux lettrés, aux notables que le<br />

<strong>la</strong>boureur confie ses affaires et ses intérêts ; il les consulte, les<br />

écoute, et suit leurs conseils ; enfin, c'est à eux qu'est décerné, à<br />

l'unanimité <strong>de</strong>s suffrages, l'honneur <strong>de</strong> diriger les associations et<br />

<strong>de</strong> prési<strong>de</strong>r les fêtes, à l'exception pourtant <strong>de</strong> celles qui, en<br />

perdant leur esprit primitif, auraient cessé <strong>de</strong> mériter leur<br />

concours et leurs sympathies.<br />

Je ne vous parle pas <strong>de</strong>s sessions <strong>du</strong> conseil p.169 auquel a été<br />

confiée l'organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gar<strong>de</strong> rurale. Voici <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction fidèle<br />

<strong>du</strong> règlement et <strong>de</strong>s statuts <strong>du</strong> Tsing-miâo-Hoei établi cette<br />

année au faubourg-ouest <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville où je suis en ce moment ; ce<br />

document suffira, je pense, à satisfaire votre curiosité.<br />

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