Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
Je sais bien, mon révérend Père, qu'aucun de vous, qu'aucun
religieux n'a le cœur troublé par ces menaces coupables. Mais il
est permis aux fidèles, et c'est leur filial devoir, de nourrir des
espérances et de redouter des regrets auxquels votre abnégation
ne prête qu'une attention distraite ; et si vous me permettez
d'être ici p.XIII l'interprète de ces sentiments, laissez-moi vous dire
que nous ne vous verrons point partir. Athènes a immortalisé son
absurde injustice en exilant Aristide, et la France exilerait le
savoir, l'honneur, le dévouement, la justice, l'héroïsme, les
martyrs, la sainteté ! Non, non, Dieu ne le permettra pas : il aime
encore trop la France !
Priez, pieux solitaires, vous qui êtes plus près de Dieu ; priez
pour qu'il en soit ainsi, et pour que la paix qui nous a fui revienne
rendre à notre patrie, à nos cités, à nos familles, à notre âme ses
liens salutaires ; pour que nous ne devenions pas inférieurs aux
peuples dont notre vanité méprise si souvent les mœurs
inconnues ; pour que l'Europe redevienne digne du nom chrétien,
et pour que le flambeau de la civilisation ne s'éloigne pas de nous
comme il s'est éloigné autrefois de contrées aussi florissantes que
les nôtres, mais qui sont condamnées aujourd'hui — c'est le
témoignage éclatant de histoire — à la stérilité, à la ruine, à une
sorte de néant, parce que leurs peuples bravèrent et insultèrent
la loi de Dieu.
A Dieu donc, mon révérend Père ! Ne m'oubliez jamais au
saint autel, je vous prie ; et pardonnez cette lettre trop longue à
la reconnaissance sincère, au dévouement plein d'abandon et de
confiance qui l'ont dictée à votre respectueux ami, à votre lecteur
instruit et charmé.
@
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Émile Sumien.