Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
Les Chinois n'ont point l'avantage de posséder ces officiers ; ils
ignorent ce que c'est qu'un procès-verbal, mais, en revanche, le
système de surveillance dont ils font usage, pour être entouré de
formalités moins compliquées et moins officielles, n'en fonctionne
pas plus mal.
Les habitants d'un même ville, quelquefois de plusieurs, quand
ils ne sont pas trop éloignés les uns des autres, se réunissent, à
un jour convenu, sur la place publique. Chaque chef de famille,
riche ou pauvre, savant ou ignorant, prend nécessairement part
aux délibérations et donne son vote, non pas par la voie secrète
du scrutin, mais en prononçant publiquement les noms des élus
de son choix, à la formation du conseil d'administration qui doit
établir et diriger la société des gardes. La p.167 plupart des curieux
comme des électeurs, posés tranquillement sur leurs talons (car
tout se fait simplement dans le pays libre de la Chine),
commencent invariablement la séance par quelques racontages
étrangers au but de la réunion ; les autres bâillent, se mouchent
ou éternuent... Pour un étranger qui passerait par là, s'il connaît
les usages des Chinois, ce joyeux laisser-aller est le témoignage
le moins équivoque de l'importance des affaires qui vont être
débattues. Bientôt, chacun prend sa pipe, la charge lentement et
en silence, bat le briquet et hume avec bonheur l'odeur
nauséabonde d'un tabac qui a roui dans l'huile.
Cette entrée en séance est une opération préliminaire qui
donne de la contenance, éclaire les idées, et sans laquelle, assure-
t-on, les Chinois ne feraient rien de bon. Quand les pipes sont
rentrées dans leurs petits sacs de cuir ou de toile bleue, le tam-
tam annonce solennellement que les délibérations vont
commencer. Elles ne seront pas longues. Deux ou trois orateurs,
choisis parmi les personnages les plus respectés, exposent la
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