Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
L'histoire a enregistré, et les trouvères ont chanté, comme un
trait héroïque de piété filiale, le courage avec lequel Kouang-Kong
demeura, trois années entières, dans le cimetière ou reposait la
dépouille mortelle de son père et de sa mère, n'ayant pour vivre
que des herbes sauvages, pour s'abriter qu'une hutte de
feuillages.
Après avoir ainsi rendu ses derniers devoirs à ses parents,
Kouang-Kong se fit marchand de chaussures et dirigea ses pas
vers la province du Tché-Ly, qui, alors, paraît-il, n'avait pas,
comme aujourd'hui, la réputation de posséder les meilleurs
cordonniers de la Chine.
Le district de Jen-Kieou eut l'insigne honneur d'acheter
quelques-uns de ses souliers. Un soir, qu'après une journée
pénible et de p.155 menu profit, Kouang-Kong se tenait tout pensif,
la tête appuyée dans ses mains, près d'une auberge dont
l'enseigne : Au rendez-vous des favoris de la fortune, aurait dû
lui rendre un peu de courage ; il voit venir à lui deux hommes
robustes et de haute taille. C'étaient deux compatriotes nommés
Leôu-Pei et Tchang-Pei, marchands de parapluies, arrivés du
Chan-si depuis quelques jours seulement.
— Allons, du courage, Kouang-Kong, lui dirent-ils en
l'abordant, nous ne sommes pas plus riches ni plus
heureux dans notre commerce que toi, mais nous avons
foi dans l'avenir ; la fortune sera à nous, nous la
trouverons et la saisirons, quand même elle aurait résolu
de nous fuir.
Les trois amis achètent aussitôt deux litres de vin, quelques
pains, des gâteaux et deux poules rôties à l'huile de sésame et ils
se retirent, à peu de distance du village de Kouang-Tchong-Pou,
dans un champ planté de pêchers. C'est là, loin des curieux, assis
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