Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne
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Associations de la Chine moins, n'ont jamais eu la manie de fermer la porte de leurs établissements et de disparaître avec l'argent d'autrui. On a prétendu, en Europe, que les monts-de-piété favorisaient le vol en donnant aux malfaiteurs le moyen prompt et facile de se débarrasser de leur butin. En Chine, où le vol de détail est si commun, et la police si mal servie, c'est le contraire qui a lieu. Ceux qui ont été pillés peuvent se rendre directement chez l'agent du Tang-Pou ; ils sont à peu près sûrs d'y trouver leur bien, à la condition, pourtant, de rembourser à l'établissement le prêt fait aux voleurs. Les Chinois, vous le savez, se consolent aisément d'avoir été dépouillés, si, en payant p.147 un tiers de sa valeur, ils parviennent à retrouver ce qui leur avait été ravi. Aussi, ne fût ce qu'à ce point de vue, les monts-de-piété méritent-ils toutes leurs sympathies. L'insurrection des Tchang-mâo, qui pendant quinze ans, promena le fer et le feu dans presque toutes les provinces de la Chine, brûla ou pilla un grand nombre de monts-de-piété, dont la disparition ou le sac fut la ruine des riches particuliers ou des compagnies d'actionnaires qui les avaient fondés. Depuis cette époque les capitalistes, sauf de très rares exceptions, n'osent plus risquer leur fortune dans de si périlleuses entreprises. Aussi, les Tang-Pou ne sont plus, à peu près partout, que des banques ou, pour les appeler par le nom que leur a donné le peuple, des boutiques à grosses usures, établies par des hommes sans capitaux comme sans honorabilité, pour qui la philanthropie est le moindre des soucis. Pourvu qu'ils réalisent, au plus vite, de forts bénéfices, et puissent les emporter en pays sûr, avant que la police ait été informée de leurs faits et gestes, tout le reste leur importe peu. C'est assez vous dire le mépris et la haine dont ces établissements, infidèles à leurs traditions primitives, sont l'objet 124
Associations de la Chine dans un pays si souvent éprouvé par la misère et la faim. Le peuple, toujours forcé de recourir à eux à l'heure de la détresse, ne les en a pas moins en exécration. Les mandarins, p.148 qui les protégeaient, ou, du moins, qui ne se seraient jamais permis de les inquiéter, alors que des familles honorables en étaient les propriétaires et les exploitaient, leur suscitent tous les embarras et toutes les tracasseries, assurés qu'ils sont de n'être pas désapprouvés par leurs chefs. Un mandarin, récemment promu, a-t-il besoin d'argent pour payer ses frais d'installation et d'ameublement, il réunit, dût-il les acheter chez un fripier, une certaine quantité de vieux habits, et même de haillons qu'il envoie, dès son entrée en charge, au mont-de-piété réputé le plus riche du pays. Vous croiriez peut-être que les administrateurs du Tang-Pou vont refuser le nantissement du magistrat ou du moins ne lui donner, comme ils le feraient au commun des mortels, que le quart ou le cinquième de la valeur de ses loques, détrompez-vous. Ces agioteurs sont intelligents ; ils savent que s'ils faisaient mauvaise mine aux envoyés du sous- préfet ou ne leur donnaient pas une somme ronde, leurs affaires commerciales et leur propre tranquillité courraient bientôt les plus grands périls. Ils maudissent, au fond du cœur, et le magistrat et ses gages, mais ne s'en exécutent pas moins avec la dernière politesse, faisant d'avance le sacrifice de leurs lingots, dont le sous-préfet, ils le savent, ne leur reparlera jamais. Une scène, du dernier burlesque, dont j'étais p.149 témoin, il y a trois mois, au gros bourg de Tchemg-Kia-Keôu, vous donnera quelque idée du peu d'estime que le peuple, aujourd'hui, accorde aux monts-de-piété. Selon mon habitude, quand je voyage dans cette partie la plus reculée de mon district, j'étais descendu à l'hôtel du Ho-Ho-Tien (étape de l'entente cordiale). A peine sorti de voiture, et avant même que le maître de l'établissement ait eu 125
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<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />
moins, n'ont jamais eu <strong>la</strong> manie <strong>de</strong> fermer <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> leurs<br />
établissements et <strong>de</strong> disparaître avec l'argent d'autrui.<br />
On a préten<strong>du</strong>, en Europe, que les monts-<strong>de</strong>-piété favorisaient<br />
le vol en donnant aux malfaiteurs le moyen prompt et facile <strong>de</strong> se<br />
débarrasser <strong>de</strong> leur butin. En <strong>Chine</strong>, où le vol <strong>de</strong> détail est si<br />
commun, et <strong>la</strong> police si mal servie, c'est le contraire qui a lieu.<br />
Ceux qui ont été pillés peuvent se rendre directement chez<br />
l'agent <strong>du</strong> Tang-Pou ; ils sont à peu près sûrs d'y trouver leur<br />
bien, à <strong>la</strong> condition, pourtant, <strong>de</strong> rembourser à l'établissement le<br />
prêt fait aux voleurs. Les Chinois, vous le savez, se consolent<br />
aisément d'avoir été dépouillés, si, en payant p.147 un tiers <strong>de</strong> sa<br />
valeur, ils parviennent à retrouver ce qui leur avait été ravi.<br />
Aussi, ne fût ce qu'à ce point <strong>de</strong> vue, les monts-<strong>de</strong>-piété<br />
méritent-ils toutes leurs sympathies.<br />
L'insurrection <strong>de</strong>s Tchang-mâo, qui pendant quinze ans,<br />
promena le fer et le feu dans presque toutes les provinces <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
<strong>Chine</strong>, brû<strong>la</strong> ou pil<strong>la</strong> un grand nombre <strong>de</strong> monts-<strong>de</strong>-piété, dont <strong>la</strong><br />
disparition ou le sac fut <strong>la</strong> ruine <strong>de</strong>s riches particuliers ou <strong>de</strong>s<br />
compagnies d'actionnaires qui les avaient fondés. Depuis cette<br />
époque les capitalistes, sauf <strong>de</strong> très rares exceptions, n'osent<br />
plus risquer leur fortune dans <strong>de</strong> si périlleuses entreprises. Aussi,<br />
les Tang-Pou ne sont plus, à peu près partout, que <strong>de</strong>s banques<br />
ou, pour les appeler par le nom que leur a donné le peuple, <strong>de</strong>s<br />
boutiques à grosses usures, établies par <strong>de</strong>s hommes sans<br />
capitaux comme sans honorabilité, pour qui <strong>la</strong> phi<strong>la</strong>nthropie est le<br />
moindre <strong>de</strong>s soucis. Pourvu qu'ils réalisent, au plus vite, <strong>de</strong> forts<br />
bénéfices, et puissent les emporter en pays sûr, avant que <strong>la</strong><br />
police ait été informée <strong>de</strong> leurs faits et gestes, tout le reste leur<br />
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