Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

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Associations de la Chine demeures, c'est le moment de remplir la dernière partie du programme, la plus facile assurément. N'ayant plus à craindre les regards et la critique du vulgaire, nos pompiers se mettent à l'œuvre et pompent si bien que, lorsqu'ils veulent se lever et regagner leurs pénates, les jambes refusent leur service et perdent l'équilibre. Quelques-uns à peine, soutenus par les bras vigoureux de quelques voisins ou amis dévoués, réussissent peut- être à retourner au logis ; mais le plus grand nombre dort sur la place, sans avoir souci du froid, de la pluie ou de la boue. Plusieurs fois, j'ai eu l'occasion de trouver ces traînards avinés sur le terrain même où, la veille, ils avaient si solennellement fêté leur patron. L'an dernier, je demandais à l'un d'entre eux, pourquoi, dans un pays où la sobriété est en grand honneur, les pompiers, si honorables d'ailleurs, affrontent avec tant d'insouciance l'opinion publique. — Vous ne savez donc pas, noble étranger, me répondit le pompier, que nous aimons le feu et détestons l'eau... ! Un peu plus, et il allait me questionner sur le compte de nos pompiers de France... Par prudence, je coupai court à la conversation et me hâtai de continuer ma route. IV. Société de la Fleur du Magnolier, Yü-Leng-Hoei p.134 Cette association qui remonte au temps de Confucius, dit la chronique, rend un glorieux témoignage au bon sens de ceux qui en conçurent l'idée. Rien de plus touchant en effet, dans un pays païen et à une époque si reculée, que ces sortes de congrégations établies par tout le royaume pour protéger l'innocence des enfants, les encourager dans la pratique de toutes les vertus morales et, surtout, leur inculquer le respect de 114 @

Associations de la Chine l'autorité, la piété filiale et l'amour du foyer. Tel était le but de la société du Yü-leng. Chaque cité, chaque bourgade ou village dont la population atteignait le chiffre de cinq cents âmes avait sa petite troupe, recrutée parmi les enfants réputés les plus sages et les plus vertueux. Pour propager cette institution, sympathique à tous, on apprenait aux petits associés la musique, la prestidigitation et plusieurs jeux récréatifs et innocents, tels que la course aux échasses. Chaque année, le quatrième jour de la septième lune, revêtus de leurs habits de fête, accompagnés de leurs parents ou conduits par leur maître, s'ils faisaient partie de l'école communale, ces intéressants artistes donnaient au nombreux public, accouru de tous les environs, une séance toujours chaudement applaudie. p.135 C'était un stimulant pour ceux qui n'avaient pas encore mérité d'être admis dans la société, en même temps qu'un triomphe glorieux pour les petits prestidigitateurs et pour leurs familles. Les Chinois qui aiment les emblèmes, et qui, il faut leur rendre ce témoignage, savent en faire un si gracieux usage, donnèrent dès le début, spontanément et à l'unanimité des suffrages, le nom de Yü-Leng-Hoei à ces associations. Si vous en demandez la raison à un habitant du Céleste-Empire, fût-il l'homme le plus ignorant de son village, il vous répondra que le magnolier (Yü- Leng) ayant, à lui seul, toute la suavité des parfums de la rose, de la jonquille et de l'orange, c'est à lui qu'il appartient de symboliser la piété filiale et la vertu. On reproche à la dynastie tartare, actuellement régnante, de n'avoir pas compris le rôle important que cette institution remplissait dans le travail si difficile de l'éducation des enfants. Les Souverains mantchoux auraient-ils, contrairement à leurs 115

<strong>Associations</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Chine</strong><br />

<strong>de</strong>meures, c'est le moment <strong>de</strong> remplir <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière partie <strong>du</strong><br />

programme, <strong>la</strong> plus facile assurément. N'ayant plus à craindre les<br />

regards et <strong>la</strong> critique <strong>du</strong> vulgaire, nos pompiers se mettent à<br />

l'œuvre et pompent si bien que, lorsqu'ils veulent se lever et<br />

regagner leurs pénates, les jambes refusent leur service et<br />

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vigoureux <strong>de</strong> quelques voisins ou amis dévoués, réussissent peut-<br />

être à retourner au logis ; mais le plus grand nombre dort sur <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce, sans avoir souci <strong>du</strong> froid, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pluie ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> boue.<br />

Plusieurs fois, j'ai eu l'occasion <strong>de</strong> trouver ces traînards avinés<br />

sur le terrain même où, <strong>la</strong> veille, ils avaient si solennellement fêté<br />

leur patron. L'an <strong>de</strong>rnier, je <strong>de</strong>mandais à l'un d'entre eux,<br />

pourquoi, dans un pays où <strong>la</strong> sobriété est en grand honneur, les<br />

pompiers, si honorables d'ailleurs, affrontent avec tant<br />

d'insouciance l'opinion publique.<br />

— Vous ne savez donc pas, noble étranger, me répondit<br />

le pompier, que nous aimons le feu et détestons l'eau... !<br />

Un peu plus, et il al<strong>la</strong>it me questionner sur le compte <strong>de</strong> nos<br />

pompiers <strong>de</strong> France... Par pru<strong>de</strong>nce, je coupai court à <strong>la</strong><br />

conversation et me hâtai <strong>de</strong> continuer ma route.<br />

IV. Société <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fleur <strong>du</strong> Magnolier, Yü-Leng-Hoei<br />

p.134<br />

Cette association qui remonte au temps <strong>de</strong> Confucius, dit<br />

<strong>la</strong> chronique, rend un glorieux témoignage au bon sens <strong>de</strong> ceux<br />

qui en conçurent l'idée. Rien <strong>de</strong> plus touchant en effet, dans un<br />

pays païen et à une époque si reculée, que ces sortes <strong>de</strong><br />

congrégations établies par tout le royaume pour protéger<br />

l'innocence <strong>de</strong>s enfants, les encourager dans <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> toutes<br />

les vertus morales et, surtout, leur inculquer le respect <strong>de</strong><br />

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