Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

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14.07.2013 Views

Associations de la Chine Et, là-dessus, le bachelier de se lancer dans une foule de considérations pour me faire comprendre que le lait produit sur les hommes mûrs les mêmes effets que sur les enfants. — En Chine, disait-il, les enfants sont plus frais et plus blancs que les personnes déjà avancées en âge, et cela tout simplement parce qu'ils vivent de lait ; j'estime que c'est exactement là aussi le motif pour lequel nous demeurons jaunes pendant que les Européens conservent leur peau blanche. Je n'avais qu'à m'incliner, l'argument était sans réplique.... Mais laissons là le Sauvetage, les rasoirs et le lait pour parler d'une société, qui jouit, en Europe, je le crois du moins, d'une considération dont elle est ordinairement digne, tandis que, dans l'Empire du Milieu, son nom seul inspire la défiance et la crainte. III. Société des pompiers, Houo-Hoei Le corps des pompiers, en Europe, est le symbole du dévouement ; la gendarmerie seule, peut-être, pourrait lui en disputer le prix. En Chine aussi, l'idée qui, il y a tantôt trois mille quatre cents ans, présida à l'institution de cette société, fut, sans aucun doute, une idée p.126 philanthropique. D'ailleurs, les annales et les traditions les plus accréditées du pays citent un grand nombre de traits de courage et de désintéressement qui ne sont pas sans gloire pour les pompiers du Céleste-Empire. Dans le principe, cette association ne se recrutait que parmi les hommes d'une conduite et d'une honorabilité reconnues. Les règlements de la société, voulant inspirer à ceux qui en faisaient partie, l'amour du devoir et du dévouement, avaient établi de 108 @

Associations de la Chine sages mesures pour venir en aide à ceux qui seraient blessés ou qui succomberaient dans l'exercice de leurs fonctions ; les blessés demeuraient à la charge de la compagnie jusqu'à leur entier rétablissement. Si quelqu'un trouvait la mort dans l'exercice de son obédience, sa famille entière, j'entends : son père, sa mère, sa femme et ses enfants devaient être nourris et entretenus, pendant vingt ans, aux frais de l'association, qui, sans avoir de fonds communs, se cotisait et savait toujours fournir largement aux besoins de ses protégés et de ses pupilles. Aujourd'hui, en Chine comme en tant d'autres pays du monde, les temps sont bien changés. Les pompiers, infidèles aux nobles traditions de leurs prédécesseurs, ne sont plus guère que des maraudeurs déguisés, qui profitent de l'infortune d'autrui, pour s'assurer une existence facile et satisfaire tous leurs appétits. p.127 Pour être admis dans leurs rangs, il n'est plus nécessaire de présenter un certificat de bonnes mœurs, d'avoir une réputation d'honnête homme ; il suffit, et même, il est requis que le postulant ait de l'audace, soit capable d'un coup hardi, et sache se mettre au large avec sa conscience. Un riche banquier, qui perdit, il y a trois ans, et sa maison et sa fortune, me disait, quelques jours après l'incendie qui l'avait ruiné : — Quel malheur pour moi d'avoir fait le commerce dans un bourg doté d'une compagnie de pompiers ! Partout ailleurs, ma maison aurait pu être brûlée mais, au moins, mon argent et mon mobilier n'auraient pas été volés. Il est peu de villes, peu de centres de commerce qui ne comptent deux ou trois cents pompiers. La trop fameuse cité de Tien-Tsin, à elle seule, en possède quelque cinq mille, tous recrutés dans les bas-fonds de la société. Les pompiers de Tien- 109

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Et, là-<strong>de</strong>ssus, le bachelier <strong>de</strong> se <strong>la</strong>ncer dans une foule <strong>de</strong><br />

considérations pour me faire comprendre que le <strong>la</strong>it pro<strong>du</strong>it sur<br />

les hommes mûrs les mêmes effets que sur les enfants.<br />

— En <strong>Chine</strong>, disait-il, les enfants sont plus frais et plus<br />

b<strong>la</strong>ncs que les personnes déjà avancées en âge, et ce<strong>la</strong><br />

tout simplement parce qu'ils vivent <strong>de</strong> <strong>la</strong>it ; j'estime que<br />

c'est exactement là aussi le motif pour lequel nous<br />

<strong>de</strong>meurons jaunes pendant que les Européens<br />

conservent leur peau b<strong>la</strong>nche.<br />

Je n'avais qu'à m'incliner, l'argument était sans réplique....<br />

Mais <strong>la</strong>issons là le Sauvetage, les rasoirs et le <strong>la</strong>it pour parler<br />

d'une société, qui jouit, en Europe, je le crois <strong>du</strong> moins, d'une<br />

considération dont elle est ordinairement digne, tandis que, dans<br />

l'Empire <strong>du</strong> Milieu, son nom seul inspire <strong>la</strong> défiance et <strong>la</strong> crainte.<br />

III. Société <strong>de</strong>s pompiers, Houo-Hoei<br />

Le corps <strong>de</strong>s pompiers, en Europe, est le symbole <strong>du</strong><br />

dévouement ; <strong>la</strong> gendarmerie seule, peut-être, pourrait lui en<br />

disputer le prix. En <strong>Chine</strong> aussi, l'idée qui, il y a tantôt trois mille<br />

quatre cents ans, présida à l'institution <strong>de</strong> cette société, fut, sans<br />

aucun doute, une idée p.126 phi<strong>la</strong>nthropique. D'ailleurs, les annales<br />

et les traditions les plus accréditées <strong>du</strong> pays citent un grand<br />

nombre <strong>de</strong> traits <strong>de</strong> courage et <strong>de</strong> désintéressement qui ne sont<br />

pas sans gloire pour les pompiers <strong>du</strong> Céleste-Empire.<br />

Dans le principe, cette association ne se recrutait que parmi<br />

les hommes d'une con<strong>du</strong>ite et d'une honorabilité reconnues. Les<br />

règlements <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, vou<strong>la</strong>nt inspirer à ceux qui en faisaient<br />

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