Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
guerre lasse, sort alors de sa tente, et, faisant signe au peuple de
le suivre, va lui-même trouver les trois illuminés.
— Peuple, s'écria-t-il d'une voix vibrante, vous voyez ces
trois magiciens : ou bien ils ont la confiance et sont les
messagers des dieux, ou bien ce sont de vils imposteurs.
Si la divinité en a fait ses confidents, elle saura bien p.123
les sauver ; s'ils vous trompent, la mesure de leurs
crimes est comblée ; il est temps qu'ils en portent la
peine, en devenant la pâture des poissons.
Puis s'approchant des trois frères Léou :
— Misérables, leur crie-t-il, vous avez indignement
trompé la bonne foi et la crédulité d'une honnête famille,
en voulant lui arracher, à votre profit, cette innocente
créature qui fait le bonheur et la consolation du foyer.
Maintenant, voici une nouvelle carte de visite pour le
Dragon. Puisqu'il se fait attendre, allez à sa rencontre.
Le préfet avait à peine achevé ces mots, que les gardes se
saisirent des magiciens et les précipitèrent, pieds et mains liés,
au fond du fleuve Jaune.
Depuis cette mémorable journée, Si-men-Pâo a toujours été
honoré comme une divinité auxiliaire, ou plutôt comme un saint.
A sa mort, le peuple lui éleva, sous les murs de Pou-Tchéou-Fou,
ville préfectorale assise sur la rive même du Houang-Ho (fleuve
Jaune), une pagode qui s'y voit encore. On l'invoque sous le nom
de Ho-pei, gardien du fleuve. Les mariniers, les charpentiers, tous
ceux qui travaillent à la construction des barques, aussi bien que
les populations des campagnes relevant de Pou-Tchéou-Fou
célèbrent annuellement la fête et les bienfaits de Si-men-Pâo, le
treizième jour de la septième lune. Les perruquiers, eux aussi,
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