Associations de la Chine, Lettres du P. Leboucq ... - Chine ancienne

Associations de la Chine
serait faux. Le premier versement demeure intact entre les mains
d'un honnête banquier qui le fait valoir consciencieusement au
taux légal de p.115 trente pour cent, et cela pendant vingt ou
trente ans, sans jamais entamer le capital, ni user des intérêts.
Tant que la société n'aura pas réussi, par ce moyen, à se créer
une situation financière indépendante, elle s'adresse à la charité
publique ; s'il lui faut un cercueil, c'est aux menuisiers qu'on a
recours ; s'il manque une bêche ou une pioche, on frappe à la
porte des maréchaux taillandiers. La faim se fait-elle sentir, les
travailleurs se dispersent dans les villages du voisinage,
demandant un morceau de pain et un verre d'eau aux familles
renommées pour leur dévotion envers les morts, à celles surtout
qui auraient été frappées dans leurs affections. Rarement ils sont
éconduits ; mais, le fussent-ils plusieurs fois, jamais leur patience
ne se lassera : bon gré mal gré il faut leur donner ce qu'ils
demandent.
Patron de la Confrérie. — Dès les premiers jours de sa
fondation, la société des tombeaux s'est placée sous le patronage
de Wen-Wang, premier Souverain de la dynastie des Tcheoû
(onze cent vingt-deux ans avant JÉSUS-CHRIST). Ce prince qui fut
adoré de son peuple à cause de son inépuisable charité, se
distingua surtout par le profond respect qu'il professait pour les
morts. Un jour, son échanson lui ayant appris que des ouvriers,
occupés à creuser les fossés du palais, avaient trouvé une grande
quantité d'ossements humains, Wen-Wang alla p.116 lui-même en
faire le dénombrement, ordonna qu'on achetât, aux frais de sa
cassette personnelle, une douzaine de cercueils, et voulut assister
avec toute sa cour à l'inhumation, qui se fit avec une pompe
inaccoutumée.
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