Les visages du cauch.. - Free

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Il y a eu un accident, Gerry. J’ai vraiment besoin de toi. - Quel genre d’accident? demandaije. Un frisson glacé commença à me parcourir l’échine. -Il faut que tu m’aides. Il faut absolument que tu m’ aides. Je me garai devant l’hôtel Fort et descendis de ma voiture. Les rues de Sacramento étaient désertes. Le Fort était une construction de cinq étages avec une façade à la peinture marron qui s’écaillait et une enseigne au néon épilep-tique qui n’arrêtait pas de clignoter les mots HOT ORT. A côté de l’hôtel, il y avait un restaurant chinois avec un dra-gon aux yeux de braise sur la devanture. A l’intérieur, l’hôtel empestait Black Flag, avec des relents de vomi désinfecté. Un jeune homme étonnamment beau et soigné était assis derrière le comptoir, chemise à manches courtes et cheveux blonds coupés ras. Il était plongé dans la lecture de L’Europe pour 60dollars par jour. Lorsque je lui demandai la chambre de Jamie, il dit ” 603 ” sans même me regarder. Je me dirigeai vers l’ascenseur. -En panne, dit-il, toujours sans lever les yeux.

Je commençai à gravir l’escalier. J’avais l’impression de gravir l’escalier du Purgatoire. Venant de derrière des portes closes, j’entendais le murmure de télévisions, le bruit de conversations étouffées, je sentais des odeurs de cuisine âcres. J’arrivai finalement au cinquième étage et m’avançai dans un couloir sombre et étroit, au sol recouvert de linoléum, jusqu’à ce que je trouve le 603. J’écoutai un moment devant la porte. Il me sembla entendre de la musique. Je frappai. -Jamie? Tu es là, Jamie? C’est moi. Il mit un long, très long moment pour ouvrir. Chaînes de sûreté, verrous, pênes de serrure. Finalement, la porte s’entrouvrit et je l’entendis dire: -Tu ferais mieux d’entrer. J’hésitai un instant, puis je m’avançai. La chambre n’était éclairée que par une lampe de bureau sans abatjour, de telle sorte que les ombres qu’elle projetait étaient dures et impitoyables. Il régnait ici une odeur épouvantable… une odeur douceâtre d’urine et de pourriture. Tout au fond, se trouvait un canapé-lit, où étaient entassées des couvertures rouges crasseuses. Sur ma gauche, un fauteuil éventré laissait voir ses entrailles déchiquetées. Jamie était nu. Son corps était tellement émacié et couvert de cicatrices que ce fut à peine si je le reconnus.

Je commençai à gravir l’escalier. J’avais l’impression de<br />

gravir l’escalier <strong>du</strong> Purgatoire. Venant de derrière des<br />

portes closes, j’entendais le murmure de télévisions, le<br />

bruit de conversations étouffées, je sentais des odeurs de<br />

cuisine âcres. J’arrivai finalement au cinquième étage et<br />

m’avançai dans un couloir sombre et étroit, au sol<br />

recouvert de linoléum, jusqu’à ce que je trouve le 603.<br />

J’écoutai un moment devant la porte. Il me sembla<br />

entendre de la musique. Je frappai.<br />

-Jamie? Tu es là, Jamie? C’est moi.<br />

Il mit un long, très long moment pour ouvrir. Chaînes de<br />

sûreté, verrous, pênes de serrure. Finalement, la porte<br />

s’entrouvrit et je l’entendis dire:<br />

-Tu ferais mieux d’entrer.<br />

J’hésitai un instant, puis je m’avançai. La chambre n’était<br />

éclairée que par une lampe de bureau sans abatjour, de<br />

telle sorte que les ombres qu’elle projetait étaient <strong>du</strong>res et<br />

impitoyables. Il régnait ici une odeur épouvantable… une<br />

odeur douceâtre d’urine et de pourriture. Tout au fond, se<br />

trouvait un canapé-lit, où étaient entassées des couvertures<br />

rouges crasseuses. Sur ma gauche, un fauteuil éventré<br />

laissait voir ses entrailles déchiquetées.<br />

Jamie était nu. Son corps était tellement émacié et<br />

couvert de cicatrices que ce fut à peine si je le reconnus.

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