Les visages du cauch.. - Free

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Owen Glyn Dwr avait-il vraiment promis pour l’éter-nité, que tout Gallois tué par le fait des Anglais retournerait chez lui, dans sa maison, même s’il était mort… comme Ellis Morgan était mort, et morts aussi tous ces autres hommes qui avaient été écrasés et ensevelis à Maes-y-Dderwen ? La peau de David le picota à cette seule pensée, comme si des mille-pattes s’étaient promenés dans ses cheveux. Etait-ce ce que le vieux Glyn Bachelor avait essayé de lui dire? Que c’était vrai? Son père cria: -Ou bien tu fermes cette foutue porte, David, ou bien je la ferme moi-même et tu pourras pourrir là-haut pour toujours ! Il était revenu dans la vallée, et il commençait à faire nuit. L’odeur du charbon de chauffage était encore plus âcre et plus humide, et le sommet des collines était éclairé par des réverbères au sodium. Le paysage avait dû être noir, indistinct et sauvage autrefois, à l’époque d’Owen Glyn Dwr, et l’on devait voir les étoiles, de cette vallée aujourd’hui éclairée en orange comme un parking de supermarché. Il aperçut deux hommes coiffés de casquettes qui marchaient sur le bas-côté de la route, et il

se demanda s’ils étaient venus de Maes-y-Dderwen, eux aussi, mais lorsqu’il regarda dans son rétroviseur, ils avaient disparu, ou bien ils avaient quitté la grand-route quelque part, et il n’avait pas envie de faire demi-tour pour le savoir. Parce que… s’ils étaient morts? Que leur dirait-il? Hé, les gars, vous êtes morts? Et Owen Clyn Dwr a promis que vous pourriez revenir pourfaire vos adieux? Il continua jusqu’à Maes-y-Gwmmer, traversa le croisement et monta la rue qui décrivait une courbe jusqu’à l’angle de Jenkins Street. Il s’arrêta devant la maison des Morgan et coupa le moteur. Les rideaux étaient tirés, des rideaux à fleurs orange et marron, mais les lumières étaient allumées, il le voyait, et il n’y avait pas de scintillement lumineux de téléviseur dans le séjour des Morgan, ce qui était inhabituel à cette heure de la soirée, où la plupart des familles dînaient en regardant le petit écran. Finalement, il descendit de sa voiture, ouvrit la grille en fer forgé, et gravit les deux petites marches en ciment armé qui menaient à la porte. Il appuya sur la sonnette et attendit. Il lui sembla entendre des rires à l’intérieur, mais il n’en était pas certain. Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit, et ce fut Denise Morgan, la plus jeune fille d’Ellis. Elle n’était plus si

Owen Glyn Dwr avait-il vraiment promis pour l’éter-nité,<br />

que tout Gallois tué par le fait des Anglais retournerait chez<br />

lui, dans sa maison, même s’il était mort… comme Ellis<br />

Morgan était mort, et morts aussi tous ces autres hommes<br />

qui avaient été écrasés et ensevelis à Maes-y-Dderwen ?<br />

La peau de David le picota à cette seule pensée, comme<br />

si des mille-pattes s’étaient promenés dans ses cheveux.<br />

Etait-ce ce que le vieux Glyn Bachelor avait essayé de lui<br />

dire? Que c’était vrai?<br />

Son père cria:<br />

-Ou bien tu fermes cette foutue porte, David, ou bien je la<br />

ferme moi-même et tu pourras pourrir là-haut pour toujours<br />

!<br />

Il était revenu dans la vallée, et il commençait à faire nuit.<br />

L’odeur <strong>du</strong> charbon de chauffage était encore plus âcre et<br />

plus humide, et le sommet des collines était éclairé par des<br />

réverbères au sodium. Le paysage avait dû être noir,<br />

indistinct et sauvage autrefois, à l’époque d’Owen Glyn<br />

Dwr, et l’on devait voir les étoiles, de cette vallée<br />

aujourd’hui éclairée en orange comme un parking de<br />

supermarché. Il aperçut deux hommes coiffés de<br />

casquettes qui marchaient sur le bas-côté de la route, et il

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