petit manuel de défense pénale - International Bridges to Justice
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Stratégies <strong>de</strong> <strong>défense</strong><br />
- IV -<br />
Elles se distinguent <strong>de</strong>s stratégies d’audience ci-<strong>de</strong>ssus en ce qu’elles sont <strong>de</strong>s<br />
principes fixés avant l’audience entre l’avocat et celui ou celle qu’il défend et qui<br />
<strong>de</strong>meureront immuables jusqu’au délibéré.<br />
Il est fondamental que ces stratégies soient communes au prévenu et à l’avocat, l’un<br />
ne pouvant les appliquer sans l’autre.<br />
Etre bon avocat c’est aussi avoir la pédagogie <strong>de</strong> faire admettre au prévenu ce qui<br />
est la meilleure <strong>défense</strong> et <strong>de</strong> faire en sorte (dans son intérêt) qu’il s’y tienne <strong>to</strong>ut au<br />
long du procès.<br />
Dans un cas particulier, à caractère nettement politique, c’est la position du prévenu<br />
qui impose une <strong>défense</strong> bien limitée à l’avocat : la rupture.<br />
1 – Défense <strong>de</strong> rupture et <strong>défense</strong> <strong>de</strong> connivence<br />
On appelle <strong>défense</strong> <strong>de</strong> rupture celle qui repose par principe sur la contestation <strong>de</strong> la<br />
légitimité du Tribunal. Elle signifie donc la remise en cause <strong>de</strong> l’au<strong>to</strong>rité <strong>de</strong> l’état et <strong>de</strong><br />
son pouvoir judiciaire.<br />
Cette stratégie <strong>de</strong> <strong>défense</strong> est apparue dans les années 60 au cours <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong><br />
libération (notamment le conflit algérien) et il est difficile <strong>de</strong> savoir si les avocats l’ont<br />
choisie ou si elle leur a été imposée par la position intangible <strong>de</strong>s personnes qu’ils<br />
défendaient.<br />
Chacun peut être amené à assurer la <strong>défense</strong> d’une personne membre d’un<br />
mouvement politique ou ethnique rebelle, combattant pour une indépendance, une<br />
au<strong>to</strong>nomie ou une révolution.<br />
Ces personnes expliqueront à leur conseil qu’elles ne reconnaissent pas la légitimité<br />
du Tribunal qui veut juger leurs actes (souvent graves : terrorisme, assassinat,<br />
rébellion armée, etc.), ou pire encore découlant <strong>de</strong> crimes <strong>de</strong> guerre ou <strong>de</strong> crimes<br />
contre l’humanité.<br />
Dés lors, se pose un cas <strong>de</strong> conscience pour l’avocat qui, par hypothèse est un <strong>de</strong>s<br />
rouages <strong>de</strong> cette machine judiciaire contestée par l’accusé ou le prévenu.<br />
La stratégie <strong>de</strong> <strong>défense</strong> quotidienne <strong>de</strong> l’avocat en, démocratie est une <strong>défense</strong> dite<br />
« <strong>de</strong> connivence » à savoir qu’il admet la légitimité du système auquel il appartient et<br />
participe.<br />
Il nous semble évi<strong>de</strong>nt que cette appartenance ne doit jamais être remise en cause<br />
ou qu’alors il y a lieu <strong>de</strong> quitter le Barreau.<br />
Il faut donc gérer un client qui conteste (à titre révolutionnaire) cette connivence mais<br />
en même temps exercer une réelle <strong>défense</strong>. Or, la déon<strong>to</strong>logie <strong>de</strong> l’avocat lui interdit<br />
formellement <strong>de</strong> plai<strong>de</strong>r contre les intérêts du prévenu mais aussi contre ses<br />
souhaits.<br />
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