Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

Tandis que résonne la sonnerie, je réalise que c’est probablement la dernière fois que je peux
compter sur Buckley pour me tirer d’affaire en un claquement de doigts. Demain, je vivrai à cinquante et
quelques kilomètres d’ici, et dans quelques semaines il vivra à l’autre bout du pays.
Que vais-je devenir sans lui ?
Je vais le découvrir parce que je n’obtiens que sa messagerie. J’imagine qu’il a un déjeuner
d’affaires chez Michael avec Steven Spielberg.
Maintenant quoi ?
J’envisage d’appeler Latisha et Raphael, mais tous deux sont au boulot et donc distraits.
Je compose le numéro de Kate, espérant qu’elle se trouve chez elle.
Quand elle répond dès la seconde sonnerie, je me demande pourquoi je l’ai appelée, elle entre tous.
Sa vie est en lambeaux. Elle n’a pas besoin d’une nouvelle source d’inquiétude.
Non que j’imagine Kate stresser très longtemps au sujet de mon canapé sans pied. Dans son univers,
quand un D.C. scie le pied de votre canapé, vous achetez un nouveau canapé.
Dans son univers, en fait, je parie que personne ne menace de scier les pieds des canapés.
Les choses de ce genre semblent ne se produire que dans mon univers.
— Bonjour ! Qu’est-ce qui se passe ? Je croyais que c’était aujourd’hui que vous déménagiez, dit
Kate.
— Je suis en train de déménager, enfin, sur le point de déménager. Mais les déménageurs disent
qu’ils ont besoin de scier un pied du canapé parce qu’ils ne parviennent pas à le passer par la porte.
— De la nouvelle maison ?
— De l’ancien appartement. Dans lequel nous l’avons fait entrer.
— Zut alooors ! Comment est-ce possible ?
— Aucune idée, Kate, que dois-je faire ?
— Je vais appeler Billy et lui demander, répond Kate, en gente demoiselle du Sud aux manières
démodées qui laisse les décisions importantes à l’homme menteur et infidèle de sa vie.
— Non, ça va. N’ennuie pas Billy avec ça.
— Qu’en pense Jack ?
— Jack n’est pas là, dis-je, exaspérée, bouleversée, désarmée et au bord des larmes.
Allez. Reprends-toi.
C’est la voix de ma Tracey intérieure, dégoûtée.
Tu es une femme forte et indépendante, n’est-ce pas ? Tu ne peux pas trouver une solution toute
seule ?
— Où se trouve Jack ? demande Kate. Pourquoi déménages-tu toute seule ?
— Jack est au bureau.
Silence.
— Tu en es certaine ?
Je soupire.
— Oui !
Ai-je mentionné que Kate est maintenant persuadée que tous les hommes mariés sont des salauds,
menteurs et infidèles ?
— Ecoute, Kate, je suis désolée de t’avoir dérangée… Je te rappellerai de notre nouvelle maison ce
week-end et on prévoira ta visite dès que la chambre d’amis sera prête. C’est toi qui l’inaugureras.
— C’est vrai, Tracey ? Cela nous ferait un bien fou de sortir de New York. Peut-être Billy pourra-til
prendre un week-end prolongé en juin.
Billy ? J’avais supposé qu’il ne viendrait pas. C’est la dernière personne que je désire voir
inaugurer la chambre d’amis de ma toute nouvelle maison.
Mais apparemment, Kate et lui forment toujours un couple, donc je lui assure qu’ils seront toujours