Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
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* * *<br />
Devinez quoi ?<br />
Jack a reçu un appel du bureau. Réunion obligatoire, probablement due à la dernière crise en date<br />
d’un Client. Je me r<strong>et</strong>rouve seule pour boucler la fin du déménagement <strong>et</strong> superviser les deux<br />
déménageurs que nous avons engagés.<br />
Pas mal comme perspective, non ?<br />
Il a juré d’essayer de rentrer aux environs de l’heure du déjeuner. Il est maintenant midi moins le<br />
quart. Les déménageurs en ont déjà pratiquement terminé avec la cuisine <strong>et</strong> la majeure partie du salon.<br />
J’hésite à prononcer ces mots parce que je ne voudrais pas me porter la poisse, mais…<br />
Jusqu’ici, vraiment, tout va bien.<br />
— Ouais, hé, écoutez, j’ai besoin de taxis, m’annonce un déménageur costaud — ne le sont-ils pas<br />
tous ? — en passant la tête dans la chambre presque vide, où j’enfourne à toute vitesse ce qui reste de<br />
notre linge sale dans le dernier sac-poubelle.<br />
— Vous avez besoin de quoi ? D’un taxi ?<br />
Il doit avoir un déplacement à faire à l’heure du déjeuner. Malheureusement pour lui, les cartes des<br />
numéros de taxis que contenait notre tiroir fourre-tout ont suivi la même voie que les sach<strong>et</strong>s de sauce<br />
soja.<br />
— Non, explique-t-il, d’une scie.<br />
Je cesse de manipuler mon linge sale pour le fixer.<br />
— D’une scie ?<br />
— Ouais, grogne-t-il.<br />
Voyez-vous, en matière de déménagement, je ne suis pas exactement une pro. Je n’avais jamais<br />
engagé de déménageurs, d’ailleurs je n’ai déménagé que trois fois dans ma vie, sans compter la fac<br />
(c’était il y a un siècle auparavant <strong>et</strong> n’impliquait aucun meuble) : dans ma sous-location du Queens, lors<br />
de mon premier été à New York, dans mon studio de l’East Village deux mois plus tard, puis ici, avec<br />
Jack.<br />
Donc je n’y connais rien : est-il courant que les déménageurs aient besoin de scie ?<br />
Et si oui, pourquoi ?<br />
Je ne sais pas trop, mais quelque chose me souffle que l’association scie-déménageur n’augure rien<br />
de bon.<br />
Peut-être mon déménageur est-il le complice du tueur en série de l’étage supérieur <strong>et</strong> a-t-il besoin de<br />
se débarrasser d’un cadavre ?<br />
Peut-être ai-je mal entendu ?<br />
Mais je ne vois pas comment cela serait possible, le mot taxi étant écarté. Scie ne désigne aucun<br />
obj<strong>et</strong> qui ne soit pas destiné à couper quelque chose en plusieurs morceaux. A moins qu’il n’ait avalé la<br />
première syllabe <strong>et</strong> n’ait voulu dire « cassis ».<br />
— Vous dites que vous avez besoin de quoi ? dis-je, espérant qu’il me réponde du « cassis ».<br />
Même si je n’en ai pas le moindre sous la main.<br />
— D’une scie.<br />
Il a le culot de paraître agacé.<br />
— Puis-je me perm<strong>et</strong>tre de vous demander ce que vous auriez l’intention d’en faire, si j’en<br />
possédais une ?<br />
Je suis pratiquement certaine que nous n’en possédons pas, mais dans le cas contraire, elle serait de<br />
toute façon emballée dans l’un des milliards de cartons déjà fermés <strong>et</strong> entassés dans la pièce voisine.<br />
— Le canapé ne passe pas par la porte.<br />
— Alors vous voulez scier la porte ? dis-je, horrifiée.