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Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

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10<br />

Voilà, c’est officiel.<br />

Jack <strong>et</strong> moi venons de signer le dernier document consacrant l’achat de la maison. Nous sommes<br />

maintenant propriétaires.<br />

Vu l’importance de l’occasion, je trouve que l’événement manque de solennité. Evidemment, je ne<br />

m’attendais pas à être accueillie à la descente du train par le maire de Glenhaven Park, avec des<br />

banderoles <strong>et</strong> une fanfare pour nous escorter le long de la rue principale jusque chez le notaire.<br />

Mais quand on réfléchit aux étapes importantes de la vie — premières communions, mariages,<br />

accouchements — elles sont d’habitude accompagnées d’une cohorte de rituels.<br />

L’achat d’une maison revêt la même banalité qu’une visite chez le dentiste, depuis la feuille à<br />

l’entrée où l’on inscrit son nom jusqu’aux mauvais magazines dans la salle d’attente, en passant par le<br />

p<strong>et</strong>it cadeau au moment de partir. Pas une brosse à dents toutefois, mais un calendrier aimanté à accrocher<br />

sur le frigo.<br />

Evidemment, une visite chez le dentiste implique davantage d’effusions de sang (si, par manque de<br />

chance, vous avez comme moi hérité de la mauvaise dentition Spadolini), beaucoup moins de paperasse<br />

<strong>et</strong> seulement dix dollars de tiers-payant. L’achat d’une maison, lui, va exiger une montagne de paperasse<br />

<strong>et</strong> environ cinquante mille fois le montant du tiers-payant. Et perm<strong>et</strong>tez-moi de préciser que la sonnerie du<br />

tiroir-caisse est bien plus éprouvante pour les nerfs que le bourdonnement tant redouté de la roul<strong>et</strong>te qui<br />

se m<strong>et</strong> en marche.<br />

Le côté agréable de l’opération consiste à faire la connaissance de Hank <strong>et</strong> Marge qui se révèlent<br />

aussi charmants <strong>et</strong> sympathiques que je l’avais imaginé. Ils font leur apparition en se tenant par la main,<br />

vêtus <strong>et</strong> chapeautés façon 1948, <strong>et</strong> nous assurent combien ils sont heureux de vendre leur maison à un<br />

gentil p<strong>et</strong>it couple de jeunes comme nous.<br />

Nous prom<strong>et</strong>tons d’en prendre bien soin, <strong>et</strong> quand tout est terminé, tout le monde s’étreint, les yeux<br />

un peu humides.<br />

— Et maintenant ? dis-je à Jack quand nous nous r<strong>et</strong>rouvons dans la rue, chéquier dégarni <strong>et</strong> clés en<br />

poche. Allons-nous revisiter la maison ? Ou bien fêter ça au restaurant ?<br />

— Nous n’avons pas le temps d’aller au restaurant, ni l’argent d’ailleurs, tranche le maître du<br />

budg<strong>et</strong>. Nous disposons d’environ vingt-quatre heures pour vider notre appartement <strong>et</strong> nous sommes loin<br />

d’être prêts.<br />

C’est vrai.<br />

Cela semble un peu terre-à terre de reprendre aussitôt le train en sens inverse pour finir d’emballer<br />

nos affaires dans notre appartement de New York, mais nous n’avons guère le choix.<br />

Bonne décision, car cela nous demande un temps fou.

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