Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

Pas plus que Raphael et Kate ne veulent que je déménage en banlieue, je suppose.
— Cela fait partie du contrat pour écrire le scénario, explique Buckley, je dois me trouver là-bas
dès le mois prochain.
— Pour toujours ?
Il hésite.
— Pour l’instant.
— Nous sommes vraiment heureux pour toi, Buckley, dit Jack en me mettant une flûte de champagne
dans les mains. N’est-ce pas, Trace ?
— Oui.
Jack me lance un nouveau regard. Je dois manquer d’enthousiasme.
Vous savez, je croyais que c’était Jack qui détestait les changements, mais celui-là ne paraît pas le
déranger. Peut-être est-ce moi. Peut-être, malgré tous mes grands projets, suis-je celle qui, en fin de
compte, préférerait ne pas bouger et conserver les choses telles qu’elles sont, pour l’éternité.
Peut-être que je déteste le changement.
Et que je ne veux rien abandonner du tout.
Peut-être que je ne désire que me cramponner.
Dans cet esprit, je me cramponne à Buckley, le gratifiant d’une accolade géante dans laquelle je
mets tout mon cœur.
— Tu sais que tu vas follement me manquer.
— Tu vas me manquer aussi.
— Mais c’est une opportunité géniale pour toi.
— Oui, dit-il, rayonnant. Ça l’est vraiment. Merci, Tracey.
Il parle d’une voix un peu étranglée. Je me rends compte que j’écrase sa cage thoracique et je
relâche mon étreinte.
— Promets-moi une seule chose.
— Quoi ?
— Si tu es nominé pour l’oscar du meilleur scénario et que tu n’as pas de cavalière parce que ta
starlette de petite amie est en cure de désintox, et que ni ta mère ni ta sœur ne sont disponibles, emmènemoi
à la cérémonie des oscars avec toi. C’est tout ce que je demande. Oh, et puis une partie des cadeaux
qu’on offre à tous les nominés.
Le visage de Buckley s’illumine d’un grand sourire.
— D’accord. Mais j’ai quelque chose à te demander en échange.
— Quoi ?
— N’en parle pas à Raphael pour l’instant. Tu sais comment il est.
J’acquiesce d’un air solennel. Je sais exactement comment est Raphael : obsédé par tout ce qui a le
plus petit rapport avec Hollywood. S’il découvre que Buckley déménage pour l’usine à rêves et va
baigner dans l’univers du cinéma et de la vidéo, il est capable de s’accrocher à ses basques par
n’importe quel moyen. En tant que boy de Buckley par exemple ou un truc de ce genre.
Jack verse le champagne afin que nous portions un toast au succès phénoménal de Buckley, ainsi
qu’à Hollywood et Glenhaven Park, tous trois réunis dans notre salon pour la dernière fois.
— Aux histoires qui se terminent bien ! dit Buckley.
— Et aux nouveaux commencements ! ajoute Jack.
Je ne dis rien du tout.
Je ne peux pas, parce que j’ai une grosse boule dans la gorge.