Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
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Client s’attend à voir tomber une tête — de préférence celle de quelqu’un de plus important <strong>et</strong> plus<br />
gratifiant que le sous-fifre dévoyé.<br />
L’ironie de la chose, c’est qu’il m’ait fallu tant de temps pour comprendre le bon côté de l’état de<br />
sous-fifre. Quand les puissants ignorent jusqu’à votre existence <strong>et</strong> que vous ne gagnez pas d’argent, vous<br />
avez sacrément moins à perdre.<br />
Le contrat de l’un des Clients principaux de l’agence arrive à expiration. Il s’agit d’une énorme<br />
entreprise du Midwest qui fabrique, entre autres, les laxatifs Abate.<br />
Si ce Client ne re-signe pas avec l’agence, des licenciements massifs seront inévitables. A coup sûr<br />
moi — qui me situe tout en bas de l’échelle du pôle créatif —, je perdrais mon job. Ce que, avant que<br />
nous ne signions l’emprunt pour la maison, j’aurais considéré comme un cadeau du ciel.<br />
Jack travaille aussi sur le compte McMurray-White mais jouit de davantage d’ancienn<strong>et</strong>é <strong>et</strong> travaille<br />
également pour d’autres comptes. Mais qui sait ? Parfois on licencie tout le monde, pas seulement les<br />
employés qui collaboraient avec l’ex-Client.<br />
Si Jack ou moi sommes licenciés, le remboursement mensuel de l’emprunt se transformera<br />
instantanément en problème.<br />
— Bien, dis-je à Jack.<br />
Je récupère les bouteilles de bière — ainsi que leurs quartiers de citron vert noircis <strong>et</strong> couverts de<br />
mousse blanche — dans la poubelle.<br />
— … Nous allons les recycler. Mais c’est toi qui t’en occupes, s’il te plaît.<br />
— Je le ferai.<br />
Il j<strong>et</strong>te une poignée de sach<strong>et</strong>s de moutarde forte <strong>et</strong> de sauce de soja.<br />
— Pourquoi avons-nous des graines de tomates-cerises dans ce tiroir ? demande-t-il.<br />
— Elles sont arrivées par la poste il y a quelques années. Une opération promotionnelle. Je les ai<br />
gardées.<br />
— Pour…?<br />
— Pour les planter.<br />
— Où, sur le tapis ?<br />
— Attends, ne les j<strong>et</strong>te pas. C’est pour mon jardin.<br />
Devant le regard plein de doute de Jack, j’ajoute :<br />
— Pourquoi me regardes-tu toujours de ce drôle d’air quand j’évoque mon jardin ?<br />
— Parce que tu n’as pas de jardin !<br />
— J’en aurai un dès que nous aurons déménagé.<br />
— Je sais, c’est juste que… tu t’obstines à en parler, à lire des articles sur le suj<strong>et</strong>…<br />
Il j<strong>et</strong>te un œil sur la pile de magazines que j’ai accumulés ces derniers mois.<br />
— Tu ne veux pas en j<strong>et</strong>er quelques-uns ?<br />
— Non ! Je n’en ai lu encore aucun. Je n’ai pas eu le temps. Mais je vais les lire.<br />
— Ouais… d’où ça vient c<strong>et</strong> engouement, Trace ?<br />
Je lui parle de ma mère <strong>et</strong> des chauds après-midi du mois d’août.<br />
— D’accord, mais tu peux toujours ach<strong>et</strong>er des tomates <strong>fraîche</strong>s, du basilic <strong>et</strong> des fleurs à n’importe<br />
quelle époque de l’année. Tu le sais, n’est-ce pas ?<br />
— Ce n’est pas pareil. Les tomates avaient si bon goût <strong>et</strong> étaient d’un rouge si profond.<br />
— Tu trouves maintenant au supermarché de bonnes tomates d’un rouge très profond. Encore en<br />
grappes même.<br />
Il ne comprend pas. J’essaie de lui expliquer.<br />
— Mais elles ne sont pas chaudes de la chaleur du soleil. Elles ont toujours meilleur goût quand<br />
elles sont chauffées par le soleil.<br />
— D’accord, d’accord, comme tu veux, j’ai compris.