Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

Buckley est le seul de nos amis qui remplisse ces conditions — encore que ravi ne soit pas le terme
exact. Disons plutôt qu’il ne prend pas notre déménagement pour une offense. Je suis certaine qu’il serait
ravi s’il n’était pas si distrait par le second roman qu’il tente d’écrire.
Les autres : Kate, Raphael, Latisha, continuent de singulièrement manquer d’enthousiasme sur le
sujet. Même si je suis sûre qu’ils viendront. Et puis tous sont très occupés en ce moment.
Trop occupés pour nous aider à faire des cartons, en tout cas. Seul Buckley a promis de passer, mais
il ne s’est pas encore montré.
Je ne peux pas blâmer Kate de ne pas avoir envie de nous aider. Billy et elle sont officiellement en
crise. Elle l’a confronté au sujet de Marlise — je n’ai pas eu le cœur de lui demander si elle avait
mentionné que je les avais vus ensemble — et non seulement il a reconnu immédiatement sa liaison, mais
il a demandé à Kate de divorcer.
Ce qu’elle a refusé, aussi incroyable que cela paraisse. A la place, elle l’a traîné chez un conseiller
conjugal. J’imagine les séances, Kate pleurant toutes les larmes de son corps devant un étranger
impassible, tandis qu’un Billy décontracté envoie des textos à sa petite amie.
Le plus triste, c’est que si j’en crois Kate, je ne suis pas si loin de la réalité.
— Les bouteilles de Corona, dit Jack, sont recyclables. Qui est le mauvais citoyen maintenant ?
— Sûrement pas moi. Elles contiennent encore des tranches de citron vert, tu les vois ?
— Tu ne peux pas les faire sortir ?
— Non, elles sont toutes moisies.
— On peut quand même les porter à la machine à recycler les bouteilles du supermarché. La
machine se fiche des citrons verts moisis.
— Dans le genre mauvais citoyen… Tu aimes l’idée de citrons verts moisis mélangés à tes produits
recyclés ?
— Je suis sûr que le verre recyclé est nettoyé avant d’être transformé en… en quoi est-il transformé
d’ailleurs ?
— Aucune idée. Mais ces bouteilles sont dégoûtantes et je vais les jeter.
— Il y a cinq minutes, tu voulais sauver la planète de mon vieux téléphone portable, et maintenant tu
jettes des bouteilles recyclables.
— Tout à fait.
Je balance avec fracas les bouteilles dans la poubelle.
— … la moisissure prend le pas sur le recyclage.
— Si tu trouvais une pièce de vingt-cinq cents, tu la jetterais ?
— C’est différent.
— Non, ça ne l’est pas. En ce moment, nous ne pouvons pas nous permettre de jeter l’argent par les
fenêtres, y compris celui des consignes.
Oh-oh. Le vilain budget de période d’austérité resurgit. Nous le respectons depuis plus de deux mois
maintenant, et cela s’est révélé aussi pénible que je le craignais.
Depuis le jour où nous avons signé le contrat pour l’emprunt — c’est-à-dire juste au moment où
l’avocat du père de Jack l’a averti que, le testament étant contesté, il allait rester en suspens
indéfiniment —, Jack flippe au sujet de l’argent. Même si la banque a conclu que nous pouvions
rembourser l’emprunt, même sans l’héritage.
Jack s’obstine à s’interroger — généralement à l’aube — sur ce que nous deviendrons si l’un de
nous deux perd son job.
Cela n’est pas si rare dans l’univers de la publicité. Quand une agence perd un client, elle peut être
obligée de procéder à des licenciements massifs. Parfois aussi des gens se font licencier. La légende
raconte qu’un jour, lors d’une présentation à un Client, un sous-fifre quelconque a oublié une virgule dans
un document et que le directeur du service s’est fait virer. Chaque fois que survient une erreur stupide, le