Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

oissons alcoolisées… sauf si on s’adresse à Raphael, qui m’a pratiquement raccroché au nez quand je
lui ai annoncé la nouvelle à propos de la maison, un peu plus tôt.
Il a prétendu que c’était à cause de Georgie, son fils dans un avenir proche.
— Félicitations, Tracey, Georgie a besoin du téléphone, je te laisse.
Qui sait ? Bien qu’il n’ait que sept ans, Georgie avait peut-être vraiment besoin du téléphone.
Ou peut-être que Raphael boude.
Je suis certaine qu’il boude.
Je suis tout aussi certaine qu’il s’en remettra.
Note : envoyer demain un e-mail à Raphael afin de lui proposer de se retrouver samedi soir. Il ne
peut pas me raccrocher au nez par e-mail.
Je rappelle à Kate :
— Je continuerai de venir travailler à New York tous les jours.
— Pas les week-ends.
— Vu mon job, les week-ends aussi.
— Quand même, ce ne sera plus la même chose.
— Kate, les choses changent.
— Je le sais, Tracey. Crois-moi. Je le sais.
Un tremolo traverse sa voix et elle détourne le regard.
— Que se passe-t-il ? dis-je.
Je me prépare à la réponse.
— C’est Billy.
Mon cœur se serre.
Je le savais…
Il la trompe. Qu’il aille au diable !
Peut-être que je me trompe ? N’est-ce pas un peu trop cliché ?
Mais quelle autre raison ferait ainsi pâlir le teint sans défaut de Kate ? Peut-être Billy est-il en train
de mourir d’une atroce maladie ou vient-il d’être muté à Minot, dans le Dakota du Nord, ou un truc de ce
genre.
— Billy me trompe.
Note : les clichés sont des clichés parce qu’ils sont vrais.
— Oh, Kate.
J’agrippe ses mains. Froides, osseuses, elles tremblent comme des folles.
— Qu’a-t-il dit ?
— Il n’a rien dit.
— Tu l’as surpris avec une autre femme ?
— Non !
C’est vrai. C’est moi qui l’ai surpris.
— C’est juste… Il est différent. Comme s’il ne m’aimait plus. Il est obsédé par ses e-mails, ses
textos ou je ne sais quoi — il consulte sans arrêt son BlackBerry. Il fait beaucoup plus de sport et passe
moins de temps avec Katie et moi. Et il rentre vraiment tard le soir, lâche-t-elle à toute vitesse.
Son accent du Sud est toujours beaucoup plus prononcé quand elle est bouleversée.
— Il prétend chaque fois qu’il travaillait au bureau ou était sorti avec des clients mais… je ne suis
pas sûre de le croire. En fait, je ne le crois pas. Non, je ne le crois pas. Mais je n’ai aucune preuve.
Non… mais moi si.
Le moment de vérité est arrivé.
Soit je dis à Kate qu’elle fait des conclusions hâtives et qu’aucun de ces détails — même
accumulés — ne signifie nécessairement que Billy la trompe.