Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

J’ouvre mon porte-monnaie et vérifie que j’ai assez d’argent liquide pour payer un verre de vin ou
un cocktail sophistiqué dont le grand maître du budget ne saura rien.
— Tracey, papa te transmet ses félicitations, dit ma mère.
— Vraiment ?
— Oui, et il te fait dire, surtout, de ne pas acheter la première maison que tu visites.
Je soupire intérieurement.
Je soupire souvent intérieurement quand je téléphone à ma mère. Et encore plus quand je lui parle en
chair et en os.
— Maman, nous l’avons déjà achetée. Mais ce n’est pas la première que nous avons visitée.
— Frank, ce n’est pas la première maison que les enfants ont visitée. Frank ! Je disais qu’elle dit
que ce n’est pas la première maison qu’ils ont visitée !
Vous savez, après cette conversation, le verre de ce soir sera le bienvenu.
Je tape ma réponse à Kate.
« O.K. On se voit là-bas. »
Avant d’ajouter :
« P. S. LA MAISON EST A NOUS !!!!!! »
— Papa veut savoir combien de maisons vous avez visité, me transmet Connie Spadolini.
— Au moins une demi-douzaine.
Ce qui est presque la vérité.
— Frank ! Ils ont visité une demi-douzaine de maisons. Au moins.
J’entends gronder la voix de mon père, puis ma mère reprend :
— Il dit que c’est comme acheter la première maison.
— Non, ce n’est pas pareil. Qu’est-ce que ça veut dire d’ailleurs ?
— Tu veux parler à Papa ? Tu sais combien il est prudent. Il veut juste que tu fasses attention à ton
argent.
— Non, je t’ai dit que j’étais au bureau, dis-je très vite.
Un nouveau mail de Kate surgit.
Il dit simplement :
« Super. »
Super qu’on se voie ce soir ou super que la maison soit à nous ?
— Je dois vraiment te laisser, dis-je à ma mère en remarquant l’heure sur le mail.
— Tu vas faire des sfinge chez toi ce soir ? demande-t-elle d’une voix pleine d’espoir.
Non, mais je boirai du vin au Campbell Apartment. Peut-être assez pour lancer plusieurs Viva San
Giuseppe.