Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
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— Bien sûr que si je veux l’entendre — attends une seconde.<br />
Elle s’adresse à mon père d’une voix agacée.<br />
— Non, Frank, j’ai dit le grand plat. Celui que Gros Nez <strong>et</strong> Marie nous ont offert pour notre<br />
mariage… Non, l’autre. Oui. C’est ça. Tracey ? Tu es là ? Quelle est la nouvelle ?<br />
Tout ça a un peu émoussé mon enthousiasme.<br />
Je parviens cependant à lancer :<br />
— Jack <strong>et</strong> moi avons ach<strong>et</strong>é une maison !<br />
Soit la nouvelle l’a rendue mu<strong>et</strong>te, soit elle a la bouche pleine.<br />
C<strong>et</strong>te dernière hypothèse est la bonne, me dis-je en l’entendant mâcher <strong>et</strong> avaler.<br />
— Oh, bien ! Où ? dit-elle enfin.<br />
Je sais que quelque part tout au fond d’elle, Connie croit honnêtement qu’il existe une possibilité<br />
que je revienne un jour vivre à Brookside. Surprise, maman !<br />
Vous voyez, aucune des bonnes nouvelles que je lui annoncerai ne sera jamais celle qu’elle désire<br />
entendre, ce qui chaque fois diminue encore un peu le plaisir de lui apprendre une bonne nouvelle.<br />
— C’est en banlieue, dis-je.<br />
Silence.<br />
— Plus près ou plus loin de la maison ?<br />
Par maison elle entend évidemment Brookside.<br />
Je ne me risque pas à préciser que a) Brookside n’est plus ma maison depuis des années <strong>et</strong> b)<br />
Brookside se situe à six cents kilomètres, au moins, de Glenhaven Park.<br />
— Euh… Plus près, maman. Plus près, c’est clair.<br />
Plus près d’environ quarante kilomètres.<br />
— Et c’est une superbe maison, ancienne, avec quatre chambres. Nous aurons ainsi toute la place<br />
pour vous recevoir. Il faudra que vous veniez tous nous rendre visite.<br />
— C’est très bien, dit ma mère, Frank, les enfants ont ach<strong>et</strong>é une maison ! Frank ! Frank ! J’ai dit que<br />
les enfants avaient ach<strong>et</strong>é une maison !<br />
Un e-mail surgit dans ma boîte, de nouveau de Kate.<br />
« Ce soir, je t’en prie, à n’importe quelle heure. Vraiment besoin de te voir. Appelle-moi quand tu<br />
pars <strong>et</strong> je te r<strong>et</strong>rouve au Campbell Apartment. »<br />
Oh, oh. C’est un appel désespéré.<br />
Bien sûr, même désespérée, Kate reste somptueuse.<br />
Le Campbell Apartment est un bar d’ambiance, génial, niché au-dessus de l’entrée de la gare de<br />
Grand Central dans Vanderbilt Avenue. Dans les années folles, y habitait un milliardaire new-yorkais qui<br />
devait se nommer Campbell. Ce mausolée longtemps tombé dans l’oubli a été redécouvert environ dix<br />
ans auparavant.<br />
Restauré, il a r<strong>et</strong>rouvé sa splendeur des années folles, avec son plafond peint haut de sept mètres,<br />
une cheminée gigantesque <strong>et</strong> quantité de meubles d’époque. Avec ses lumières tamisées <strong>et</strong> ses cocktails<br />
qui coûtent facilement le double d’un plat principal dans le plus chic des restaurants de Brookside,<br />
l’endroit respire le luxe. Des règles très strictes régissent les tenues acceptées <strong>et</strong> un homme, sévère <strong>et</strong><br />
intimidant à souhait, se tient à la porte afin de s’assurer que les clients potentiels affichent l’élégance<br />
requise.<br />
Heureusement, je porte un tailleur sombre décent, qui peut faire plus chic si j’ôte mon chemisier<br />
blanc <strong>et</strong> remplace mes escarpins par des talons hauts. J’ajoute le collier en argent <strong>et</strong> les boucles<br />
d’oreilles que je garde dans le tiroir de mon bureau, cachés sous les trombones, pour les urgences de<br />
style.