Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

— Pourquoi semblerait-elle frustrée ou énervée ? demande Jack, perdu.
Grrr.
Je tente de cacher mon agacement.
— Elle pourrait l’être si Hank et Marge avaient refusé notre offre. Laisse tomber. Rappelons, c’est
tout. Où est passé le téléphone ?
Il me tend le combiné, de même que la carte de visite de Verna.
— Tu te sens anxieux ? je lui demande en composant le numéro.
— Je n’aurais pas cru l’être, mais oui, avoue-t-il, je le suis, un peu.
Moi non plus je n’aurais pas cru Jack anxieux. Je ne sais pas pourquoi mais l’idée (qui devrait
augmenter ma propre nervosité) me rassérène un peu.
— Et si nous n’obtenons pas la maison ? dis-je en croisant les doigts.
— Alors nous continuerons de chercher.
— Mais c’était celle qu’il nous fallait. C’était notre maison.
Tandis que ça sonne à l’autre bout du fil, le combiné tremble dans ma main. Ma main libre saisit
celle de Jack qui la presse.
— Verna Treeby.
— Verna ? Tracey et Jack Candell à l’appareil. Vous nous avez appelés ?
— Oui. J’ai transmis votre offre à l’agent des propriétaires, qui a répondu qu’elle venait de recevoir
deux autres offres.
Mon cœur cesse de battre.
— … l’une était identique à la vôtre et l’autre plus élevée…
Mon cœur plonge à peu près au niveau de mes orteils torturés.
— … quand elle en a fait part à Hank et Marge, ils ont décidé que puisque votre offre était arrivée
la première — environ vingt minutes avant la seconde —, ils vous donneraient la préférence si vous
acceptiez de transiger à la moitié de la différence entre votre offre initiale et le prix demandé.
Je reste bouche bée.
— Oui ! Dites-leur oui !
Un peu tard, je me rappelle l’existence de Jack. Je me tourne vers lui.
— D’accord ? dis-je dans un murmure.
Il hoche la tête avec un grand sourire.
— Absolument.
— Merveilleux. Félicitations. Je contacte de suite l’agent des propriétaires et je vous rappelle pour
vous donner les détails.
— Merci, Verna.
Je raccroche et regarde Jack.
— Nous avons réussi.
— Hé, dit-il en me serrant dans ses bras. Tu pleures.
Je renifle.
— Oui. Je suis si heureuse. J’ai l’impression que c’est un rêve qui devient réalité. Je sens dans mes
tripes qu’à partir de maintenant, tout va être…
Je m’interromps, accablée. Je viens de me rappeler quelque chose.
En organisant notre mariage, je me suis trouvée à un moment persuadée de vivre un vrai cauchemar.
Je tenais de tout mon cœur à me marier en octobre au Sherwood Country club et le destin semblait
conspirer contre moi.
Quand, contre toute attente, mon rêve est devenu réalité et que nous avons réservé le Sherwood, j’ai
senti au fond de mes tripes qu’à partir de là, tout allait se dérouler à la perfection.
Quand, quelques semaines plus tard, une foule de choses ont paru s’écrouler autour de moi, j’ai dit,