Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

— Non ! Mais je ne veux pas te pousser dans ce projet si tu ne te sens pas prêt.
— Si tu ne m’avais jamais poussé dans rien, nous ne serions pas mariés.
— Jack ! C’est tellement…
Tellement vrai. Mais pas très romantique.
— Je ne l’entends pas dans un sens négatif, Tracey. Parfois, j’ai besoin d’un petit coup de pouce.
Repassons devant cette maison, une dernière fois, d’accord ?
— D’accord, dis-je, hésitante.
A propos de ça… et de tout le reste.
Jusqu’à ce que, bien entendu, je tombe de nouveau follement amoureuse de cette fichue maison en
passant devant.
— Il nous la faut, dis-je à Jack. Et quand nous l’aurons achetée, tu sais la première chose que nous
ferons ?
J’ai dit quand nous l’aurons achetée et non si. Si je veux que les choses avancent, je me dois de
pratiquer la pensée positive, et un lavage de cerveau sur Jack.
— Je ne sais pas. Laisse-moi deviner… Casser un mur ?
— Non, nous procurer des rocking-chairs !
— La première chose ? Je sais que tu as l’intention de nous voir vieillir ici, mais les rocking-chairs
sont peut-être un peu prématurés non ?
— Pour mettre sous la véranda. La véranda pour rocking-chairs. Tu te souviens ?
— Si je me souviens de quoi ? Sincèrement, je suis perdu.
— Tu n’as pas lu le descriptif ?
— Bien sûr que si.
— Tu n’as pas noté le passage parlant de véranda pour rocking-chairs ?
— Non. J’aurais dû ?
— Oui. Tu veux le voir ?
Je fouille dans mon sac.
— C’est bon, je te crois. Je ne peux pas lire et conduire en même temps.
En roulant le long de la rue, je remarque un bouquet de ballons bleus gonflés à l’hélium attachés à la
boîte aux lettres d’une petite maison de style victorien.
— Regarde, dis-je à Jack. Des voisins viennent d’avoir un bébé.
Il se contente de secouer la tête.
— Pour retourner à Bedford, je tourne ici ou au prochain carrefour ?
— Au prochain.
— Tu es sûre ?
Je lève les yeux sur le carrefour. Un panneau indique : Bedford 6.
— Celui-ci, dis-je, me répétant une fois de plus combien ce serait super de vivre à six kilomètres de
chez ma belle-mère.
Non, je ne suis pas tombée d’un rocking-chair sous ma véranda — je suis sérieuse. Wilma ne
ressemble en rien à la belle-mère de base qui fourre son nez partout. Je l’adore, et je suis persuadée que
c’est réciproque. Nous nous sommes toujours super-bien entendues, si on excepte un léger problème très
passager, quand j’ai cru qu’elle tentait de s’approprier l’organisation de notre mariage.
Je devais avoir les nerfs à fleur de peau, et puis c’est de l’histoire ancienne.
En quittant Glenhaven Park, je ne peux m’empêcher de murmurer : « Nous reviendrons, c’est
promis. »