Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

une.
— Vous êtes intéressés ?
— Nous sommes intéressés.
Un peu tard, j’ajoute :
— N’est-ce pas, Jack ?
— Quel prix en demande-t-on déjà ?
Verna le renseigne.
Il hoche la tête, pensif, caressant l’endroit où se trouverait sa barbe s’il pouvait s’en laisser pousser
— Nous venons à peine de commencer à chercher une maison, alors nous n’allons pas nous
précipiter, mais quand le moment sera venu, je crois que c’est le genre de possibilité que nous étudierons.
— Quand le temps sera venu ? Jack, c’est maintenant.
— Tracey…
Un peu tendu, il jette un coup d’œil à Verna, comme pour dire ne parlons pas de ça devant elle.
— … nous ne savons même pas quel montant nous pouvons…
— Si, nous le savons. J’ai fait une simulation de prêt et…
— Quoi ? Où ? Quand ?
— Qui ? Comment ? dis-je pour me moquer.
Jack ne trouve pas ça drôle.
— A la banque, dis-je, m’en tenant à la question initiale, l’autre jour pendant ma pause-déjeuner. Et
crois-moi, ça n’a pas été facile de quitter le bureau.
— Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé ?
Pourquoi ne lui en ai-je pas parlé ?
La vérité, c’est que je ne sais pas trop.
Peut-être ai-je eu peur de me trouver dans l’obligation d’avouer à Jack que nous ne pouvions pas
emprunter autant que nous le désirions.
Ou que ma démarche ne rende soudain les choses très réelles pour Jack et ne l’effraie.
Peut-être suis-je une malade qui veut tout contrôler. Ou bien j’aime simplement m’occuper moimême
des détails, parce que si j’attends après Jack, les choses ne se feront jamais.
Mais je préfère ne rien dire de tout ça.
— Parce que, dis-je en haussant les épaules, entre ton emploi du temps et le mien, nous nous
sommes à peine vus cette semaine. Je n’ai pas cru que cela valait la peine de te réveiller au milieu de la
nuit pour te mettre au courant. J’allais t’en parler hier, mais Mitch était là.
Comme Verna ne peut faire autrement qu’entendre, j’ajoute à son intention :
— Mitch et Jack sont inséparables.
— Inséparables ? dit Jack en écarquillant les yeux. Tu parles de nous comme de gamines de onze
ans.
— Pardon.
Je modifie mes propos.
— Mitch est le meilleur ami de Jack.
— On est quoi ? Des héros de série télévisée ?
— Non, mais de toute évidence, c’est ton meilleur ami.
— Je croyais que ma meilleure amie, c’était toi.
— Moi je suis ta femme.
— Oh ! C’est pour ça que je te retrouve partout où je vais, dit-il, moqueur. Jour après jour, nuit
après nuit, dans le bonheur comme dans le malheur…
— Non, ça, c’est Mitch, je réplique. Moi je suis celle qui est rarement à la maison. Lui, c’est celui
qui est omniprésent. Mais si nous emménageons ici, il ne le sera plus, n’est-ce pas ?